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Que va devenir la centrale de Gardanne, une des quatre dernières centrales à charbon française?

L'autorisation d'exploitation de la centrale thermique de Gardanne, convertie à la biomasse par le groupe allemand Uniper a été annulée par le tribunal administratif de Marseille.

L'autorisation d'exploitation de la centrale thermique de Gardanne, convertie à la biomasse par le groupe allemand Uniper a été annulée par le tribunal administratif de Marseille. - Gérard Julien - AFP

Un pacte de reconversion a été signé ce mardi pour reconvertir la centrale à charbon de Gardanne en centrale biomasse. Le charbon devrait arrêter de brûler à Gardanne d'ici le printemps prochain.

La société GazelEnergie, l'Etat et les collectivités locales ont signé mardi un pacte pour le redéveloppement "industriel et écologique" du site de Gardanne (Bouches-du-Rhône), où la centrale à charbon doit fermer définitivement dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique.

Le président Emmanuel Macron a promis que la France fermera d'ici à 2022 ses quatre dernières centrales à charbon, à Gardanne, Saint-Avold (Moselle), Cordemais (Loire-Atlantique) et au Havre.

"Notre responsabilité devant les générations futures" est "de réduire nos émissions carbone pour sauver le climat, de fermer les dernières centrales à charbon de notre pays qui émettent autant que quatre millions de voitures", a souligné la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili dans un message vidéo adressé aux signataires du pacte.

Mais à Gardanne, ville déjà marquée par la fin des mines de charbon, cette fermeture définitive inquiète dans un contexte économique morose. "40% des enfants dans nos crèches ont des parents en situation de pauvreté", a souligné mardi le maire Hervé Granier. Entre la crise du Covid-19, les difficultés de l'usine d'alumine Alteo et celles de la centrale à charbon, il a estimé qu'entre 300 et 400 emplois étaient menacés au premier trimestre 2021.

La fin de l'unité charbon aura également par ricochet un impact sur les entreprises sous-traitantes mais aussi sur le port de Marseille, où arrivaient les cargaisons. D'autant que le couperet se rapproche. La centrale à charbon est déjà l'arrêt et ne redémarrera pas. GazelEnergie, filiale du groupe EPH détenu par l'homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky, et les syndicats négocient sur un plan social avec l'espoir de conclure au 15 janvier.

"Cela dépend de quand on déposera la plan de sauvegarde de l'emploi, mais la fermeture (définitive) pourrait intervenir au printemps", a indiqué le PDG de GazelEnergie Jean-Michel Mazalerat, en marge de la réunion. Le site de Gardanne, qui compte également une unité de production d'électricité par biomasse, compte environ 160 emplois.

Le "pacte pour la transition écologique et industrielle de Gardanne-Meyreuil" signé mardi "doit permettre de construire ensemble le projet d'un redéveloppement industriel avec des exigences conformes au développement durable", a souligné le préfet Christophe Mirmand.

Biomasse et hydrogène vert

L'axe principal du pacte repose sur la relance de la centrale biomasse -fonctionnant au bois- également propriété de GazelEnergie. Elle est à l'arrêt actuellement en raison de difficultés diverses de fonctionnement et sociales, sans compter une procédure contre son autorisation d'exploitation devant la justice administrative.

Elle pourrait redémarrer "dans les premiers jours de janvier et tourner à plein régime au printemps", a toutefois affirmé à l'AFP le PDG de GazelEnergie en indiquant que des tests y sont menés actuellement.

Cette centrale biomasse de Gardanne est toutefois très critiquée par les défenseurs de l'environnement. Dans une lettre ouverte au président Macron le 10 décembre, plusieurs organisations comme France Nature Environnement, Greenpeace ou Les amis de la terre s'inquiètent que cette "méga-centrale soit autorisée à brûler 850.000 tonnes de bois par an" et entraîne des coupes trop importantes dans des forêts méditerranéennes déjà fragilisées.

Un argument rejeté par le préfet: "Nous sommes dans une région parmi les plus boisées en France et le plan d'approvisionnement est calée en rapport avec les capacités forestières".

Le pacte prévoit aussi, entre autres, un projet de production d'hydrogène "vert", à l'image de ce qui est également envisagé sur une autre site de GazelEnergie à Saint-Avold pour compenser la fermeture de la centrale à charbon, ainsi que le développement d'une filière d'e-methanol (un carburant de synthèse).

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi avec AFP Journaliste BFM Éco