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Pourquoi les déboires du transport aérien pourraient faire basculer la présidentielle américaine

Le président américain Donald Trump et l'ancien vice-président Joe Biden lors de leur premier débat à Cleveland, dans l'Ohio, le 29 septembre 2020

Le président américain Donald Trump et l'ancien vice-président Joe Biden lors de leur premier débat à Cleveland, dans l'Ohio, le 29 septembre 2020 - JIM WATSON, SAUL LOEB © 2019 AFP

Très affectées par la pandémie mondiale, les compagnies aériennes américaines pourraient licencier à tour de bras dans les prochaines semaines. Et notamment dans les Etats-clé pour le scrutin de novembre.

Pour Donald Trump, l’élection présidentielle ressemble à une course contre la montre. Si les performances de l'économie américaine, jusqu'à la crise du Covid, semblaient lui offrir toutes les chances pour un second mandat, le choc économique qui a ébranlé le monde a rebattu toutes les cartes.

Et le scrutin de la présidentielle, qui aura lieu le 3 novembre est désormais plus ouvert que jamais. Probablement se jouera-t-il dans les "Swing States", ces Etats à bascule qui offrent la victoire à qui sait les conquérir. Une dizaine d'Etats sur les 50 du pays qu'il faut bichonner pour éviter qu'ils ne choisissent le camp adverse.

Parmi ces Etats, la Floride évidemment, remportée par les démocrates lors de l'élection d'Obama puis par les républicains lors de la victoire de Trump. Statistiquement, la Floride vote presque systématiquement pour le futur vainqueur. L'Arizona est aussi scruté de près : traditionnellement Républicain, il est donné à Joe Biden selon les derniers sondages. Même constat pour le Texas, loin d'être aussi conservateur qu'attendu, où les deux candidats sont encore au coude-à-coude. Mais on peut aussi citer la Pennsylvanie, prise de guerre des Républicains en 2016 ou encore la Caroline du Nord, divisée.

Les Swing States dans la bascule

Rien de surprenant, donc, de voir Donald Trump multiplier les visites dans ces régions clés: Phoenix (Arizona) mi-septembre, Miami (Floride) la semaine dernière, Latrobe (Pennsylvanie) au début du mois.

Le président américain le sait, il joue sa réélection sur son bilan économique et la crise est justement en train de rattraper sévèrement les Swing States. Bloomberg a ainsi examiné de près les "Worker Adjustment and Retraining Notification" (WARN) des entreprises les plus affectées par la crise, les compagnies aériennes. Ces WARN sont des documents obligatoires pour les grandes entreprises lors des vagues de licenciements. Elles doivent notifier leurs intentions 60 jours à l'avance.

Au cours de l'été, les WARN n'ont pas manqué dans le secteur aérien: American Airlines, Delta Air Lines, United Airlines et Spirit prévoyaient de licencier des dizaines de milliers de salariés. Et selon les constations de Bloomberg, la plupart des suppressions de postes concernent justement des hubs des Swing States comme Phoenix ou Charlotte.

Deadline du 30 septembre

Dès lors, les aides au secteur arien est devenu un enjeu majeur pour les républicains et le président Trump. Mardi soir, le ministère des Finances a annoncé 25 milliards de dollars de prêts pour sept compagnies afin d'éviter, justement, des coupes sévères dans l'emploi. Pendant l'été, American Airlines, Delta, United et Southwest, s'étaient engagées à ne licencier personne jusqu'au 30 septembre, en échange de subventions.

Mais la situation s'est encore dégradée et de nombreux avions sont toujours cloués au sol. Selon les compagnies, interrogées par l'AFP, les sommes déployées de permettront pas d'éviter les licenciements. "Cet argent est destiné à aider les entreprises à couvrir les dépenses courantes, mais pas les salaires" indique l'agence de presse.

L'enjeu est en réalité de prolonger le soutien de l'Etat américain aux salaires mais cela passera par un accord au Congrès. Et dans ce contexte de rivalité électorale, un accord entre les démocrates et les républicains semble compliqué voire improbable d'ici le scrutin.

La fin du dispositif d'aides inquiète d'ailleurs les gouverneurs concernés qui se débattent pour obtenir leur prolongation et éviter la casse sociale. Ce 30 septembre pourrait être un tournant dans la campagne.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business