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Pourquoi la hausse du chômage n'inquiète pas le directeur du premier site de recrutement en France

Alors que le chômage est reparti à la hausse, le directeur délégué d'HelloWork explique sur BFM Business que le marché de l'emploi reste très dynamique et que la hausse peut s'expliquer en partie par le retour à Pôle Emploi de personnes inactives auparavant.

Petit coup de froid sur le marché de l'emploi en France. Au troisième trimestre, le nombre de demandeurs est reparti à la hausse. Une augmentation qui avait été anticipée dans de nombreuses prévisions depuis plusieurs mois.

Mais cette augmentation est-elle le signe annonciateur d'un retournement durable sur le marché de l'emploi après des années de baisse du chômage? Pour HelloWork, le premier site de recrutement en France, il n'y a pas lieu de s'inquiéter et ce pour plusieurs raisons. C'est qu'a détaillé David Beaurepaire, le directeur délégué d'HelloWork ce jeudi sur BFM Business.

"Le marché de l'emploi reste très dynamique, on a un troisième trimestre avec une croissance de 9% du volume à 2,3 millions d'offres, constate-t-il. On est sur un environnement qui reste dynamique, qui ralentit certes (nous étions sur une croissance de 17% au premier semestre) mais on voit que la part des CDI continue de progresser, on n'est pas dans un environnement qui entretient une sorte de précarité de l'emploi."

Les périodes de crise sont en effet marquées par une fébrilité des recruteurs qui se traduit par une très forte hausse des recours au CDD et à l'interim, ce qui n'est pas le cas actuellement. Les offres restent importantes et les candidats au changement d'emploi nombreux avec cinq millions de candidatures enregistrées au mois de septembre.

Des pénuries qui restent fortes

Si ralentissements il y a dans le dynamisme des créations d'emplois, ils restent pour le moment cantonnés aux secteurs directement concernés par la hausse des taux d'intérêt.

"Notamment dans le secteur du BTP, de l'immobilier avec la crise de l'immobilier qui a un impact très direct sur l'emploi dans ces secteurs-là mais qui pourraient avoir un impact sur les mobilités géographiques également des candidats pusique ça crée une certaine sédentarité", reconnaît David Beaurepaire.

Le risque, en effet, est que le manque de logements avec la baisse des constructions décourage certains candidats d'aller prendre un emploi en-dehors de leur zone d'habitation par crainte de ne pas pouvoir se loger.

Car dans le même temps les pénuries de main d'oeuvre restent très fortes dans de nombreux secteurs.

"La santé, le social, les service à la personne mais au-delà de ça la comptabilité, les gestionnaires de paie, les techniciens dans l'industrie, énumère le directeur délégué d'HelloWork. Il y a des bassins d'emplois où ces pénuries sont vraiment très importantes avec des taux de chômage de 4%."

Des retours d'inactivités?

Un dernier point enfin est relevé par le responsable du site de recrutement qui constate que les nouveaux demandeurs des trois derniers mois ne sont pas majoritairement des actifs qui ont perdu leur emploi.

"Dans les chiffres du chômage qui viennent d'être publiés il y a une part importante de retour d'inactivité, il est possible que le dynamisme du marché de l'emploi fasse revenir des personnes qui étaient en dehors d'inscriptions du côté de Pôle Emploi dans la perspective de retrouver un emploi", estime David Beaurepaire.

Et si 2024 devrait marquer un nouveau ralentissement sur le front des créations d'emplois, le pays devrait continuer d'offrir beaucoup d'emplois dans les années à venir.

"La France est dans une situation démographique où la population active stagne et donc les besoins et les pénuries de bras, de cervaux vont perdurer sur les années 2025, 2026, 2027", conclut-il.
Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco