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Pourquoi la baisse de la natalité est une menace pour l'économie française

La natalité a brutalement chuté avec les confinements.

La natalité a brutalement chuté avec les confinements. - Pexels

En baisse régulière depuis une décennie, la natalité a fortement chuté depuis quelques mois avec les confinements. La démographie française qui était un moteur de la croissance est-elle en panne?

Du "baby boom" au "baby crash"? Si la France a connu dans les années 2000 un mini-boom, les derniers chiffres concernant la natalité font craindre un violent retournement de tendance.

Car les confinements n’ont pas occasioné de boom des naissances, bien au contraire. Depuis décembre on peut mesurer l’impact de la pandémie sur la natalité française. En décembre, on était 9 mois après le début du premier confinement. Et en janvier 10 mois.

Les chiffres de l’Insee sur le nombre de naissances sont sans équivoque: elles ont chuté de 7% en décembre par rapport à un an plus tôt. Et en janvier la dégringolade atteint même 13%. Ce sont 53.900 bébés qui sont nés sur le mois de janvier 2021 (des bébés conçus en avril, au plus fort de la pandémie) soit 8000 de moins qu’en janvier 2020.

Du jamais vu depuis 45 ans, assure l'Insse qui n'a pas enregistré de baisse équivalente sur un mois depuis 1975.

Reste à savoir si cette chute est structurelle ou ponctuelle. Les démographes sont partagés. Certains estiment qu’il ne s’agit que d’un report comme en témoignent les chiffres à l’étranger. Par ailleurs, il faut rappeler que les centres de procréation médicalement assistée ont été fermés durant le premier confinement, ce qui a accentué la baisse.

1,8 actif pour 1 retraité

Mais d’autres craignent que cette pandémie dans le contexte de crise écologique et d’anxiété générale sur l’avenir encourage le mouvement "No kids" et accélère la tendance du moins d’enfants, tendance qu’on observe en France depuis 10 ans.

Depuis 10 ans, l’indice de fécondité est en baisse constante. Après avoir progressé dans les années 2000, l'indice de fécondité est en baisse quasi-constante depuis 10 ans. De 2,03 enfants par femme au pic en 2010, il est tombé à 1,84 en 2020. Pour rappel, le seuil de renouvellement des population se situe à 2,1.

Une baisse de la natalité qui pourrait avoir des conséquences sur l’économie.

A commencer par le financement des retraites. Moins de naissances aujourd’hui c’est moins d’actifs demain pour cotiser. Aujourd’hui on dénombre trois actifs pour un retraité. En 2050, on prévoit 1,8 actif pour un retraité. Mais avec une baisse plus forte que prévue de la natalité, le ratio pourrait être encore plus défavorable. En Italie et en Espagne par exemple, les prévisions font état de 1,3 actif pour un retraité à horizon 2050.

Moins d’enfants c’est aussi le risque à terme d'avoir moins de travailleurs. Durant les années 2000, la croissance de la population active dans l'Hexagone était due essentiellement à la démographie. Elle représentait 85% de cette croissance, bien plus que chez nos voisins. En Allemagne par exemple, la population active était tirée par la hausse du taux d'activité (allongement de la durée de travail, croissance du taux d'activité féminin...).

Enfin une population qui stagne ou qui recule c’est aussi moins de consommateurs demain. Or la consommation est un moteur essentiel de la croissance française. Elle représente 54% du PIB.

A quelques mois de la présidentielle, la natalité et la politique familiale pourraient prendre une place importante dans le débat politique.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco