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Pour les économistes, les sanctions contre la Russie ne seront pas "sans douleur" pour l'Europe

Alors que les troupes russes sont entrées en Ukraine, cette crise diplomatique majeure risque d'enrayer la bonne reprise économique en Europe.

Journée d'effervescence pour la diplomatie européenne, qui doit désormais se décider sur les sanctions économiques à appliquer contre la Russie. Compte tenu des échanges économiques entre Moscou et l'Union européenne, difficile de trouver la juste mesure, souligne les économistes.

"Il faut s'attendre à ce que la Russie y perde mais que l'occident aussi" résume sur le plateau des Experts, sur BFM Business, Eric Heyer, directeur du département analyse et prévision de l’OFCE. "Mais je suis assez désarmé pour savoir quelles sont les bonnes sanctions."

"On sait historiquement que les sanctions ne sont pas très efficaces", renchérit de son côté Pierre Jacquet, président de Global Development Network (GDN) et membre du Cercle des économistes. "Ce ne sont pas les sanctions qui vont faire changer la stratégie de monsieur Poutine." Selon lui, "ce n'est pas la rationalité économique qui dicte les choix."

Même tonalité pour Robin Rivaton, fondateur de Real Estech: "la Russie s'est progressivement habituée aux sanctions." Et la menace de l'exclure du système Swift n'est visiblement pas suffisante.

"Quel effort sommes-nous prêts à consentir?"

En réalité, les sanctions risquent aussi d'avoir une répercussion sur l'économie européenne, qui importe 40% de son gaz depuis la Russie.

"Il faut préparer les citoyens à (…) des coups économiques extrêmement importants. Ce ne sera pas sans douleur pour nous" prévient Eric Heyer.

L'inflation devrait continuer de grimper d'autant que la Russie et l'Ukraine sont aussi des acteurs importants du marché du blé.

"On s'était habitué à raisonner en continuité, à passer d'un équilibre à un autre. En fait, la vie économique est faite de chocs et il faut passer son temps à répondre aux chocs" analyse Pierre Jacquet. "Je crois qu'il faut réconcilier notre population avec l'incertitude, avec le fait que l'avenir n'est pas un long fleuve tranquille."

"Quel effort sommes-nous prêts à supporter pour le respect de l'ordre international? Quel effort sommes-nous prêts à consentir?" s'interroge de son côté Robin Rivaton.

Pour le moment, les sanctions fortes n'ont pas encore été dégainées par les occidentaux.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business