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Mobilités: ces entreprises du CAC 40 qui doivent encore faire un effort pour passer "au vert"

Le forfait mobilité est l’un des points forts de la loi d’orientation des mobilités (LOM).

Le forfait mobilité est l’un des points forts de la loi d’orientation des mobilités (LOM). - Jacques Demarthon - AFP

Le député Mathieu Orphelin a lancé une enquête auprès des groupes du CAC 40 pour savoir s'ils appliquent le forfait mobilité destiné à inciter les salariés à lâcher la voiture pour le vélo, le covoiturage ou des mobilités partagées. Résultat: peut mieux faire.

Qui peut le plus, fait (presque) le moins. C'est la morale d'une enquête réalisée par Mathieu Orphelin, député du Maine et Loire, sur l'application du forfait mobilité dans les entreprises du Cac 40. Plus de deux ans après la promulgation de la loi d’orientation des mobilités (LOM), le gouvernement n'a toujours pas publié le bilan du forfait mobilités durables, pourtant prévu dans un délai de 18 mois.

Ce forfait est l’un des points forts de cette loi et vise à favoriser l’usage de mobilités alternatives face à l’autosolisme. Son principe est simple. De la même manière qu’un employeur rembourse une partie du forfait transports en commun de ses employés (généralement la moitié), il peut désormais rembourser une partie des trajets en covoiturage, de l’achat d’un vélo ou des trajets via les trottinettes ou vélos en libre-service.

En attendant un bilan qui tarde à venir, l'élu a donc décidé de mesurer lui-même l'application du dispositif auprès des groupes du CAC 40. L'enquête a en fait été menée sur 43 entreprises. En plus des 40 actuellement présentes dans l’indice, Mathieu Orphelin a aussi interrogé Accor, Atos, Sodexo, qui l'ont quitté.

"Les grands groupes français ont été contactés par un mail joint d’un courrier, leur demandant de communiquer les informations sur la mise en place du forfait mobilités durables au sein de leur groupe : 67% d'entre eux ont répondu. Quand les dirigeants n’ont pas répondu, les syndicats de salariés ont été contactés et nous ont transmis les informations", explique le député dans un communiqué.

100 à 500 euros chez les bons élèves

Pour Mathieu Orphelin, le constat est clair: "le CAC40 est loin d'être passé au vert". En effet, moins de la moitié de ces groupes a mis en place le forfait mobilité pour inciter les salariés à adopter une "mobilité active" (vélo, covoiturage, trottinettes...). Ils ne sont en effet que 39% à l'avoir mis en place contre 42% qui n'ont à ce jour rien fait de concret. Entre les deux, 19% (Airbus, Alstom, BNP Paribas, Eurofins, Saint Gobain, Sanofi, Société Générale, STMicroelectronics ) disent être encore en cours de réflexion.

Les "bons élèves", les montants varient de 100 à 500 euros avec ou sans modulation en fonction du nombre de kilomètres parcourus ou du nombre d’allers-retours effectués en covoiturage.

Les bons élèves
Accor, Air Liquide, Atos, Axa, Bouygues, Capgemini, Carrefour, Hermès, L’Oréal, Orange, Safran, Schneider Electric, TotalEnergies, Unibail Rodamco, Vinci, Vivendi, Worldline.

La plus vertueuse de ce groupe est Accor qui offre un forfait de 451 euros et propose aussi des vélos de fonction aux salariés en CDI. Orange est en seconde place avec une aide de 400 euros. Axa et L'Oréal sont ex aequo pour la 3e place.

18 groupes "à la traîne"

A l'opposé, 18 groupes restent "à la traîne" en affichant pour certains "les pires excuses pour ne rien faire".

Les mauvais élèves
Arcelor Mittal, Crédit Agricole, Danone, Dassault, Engie, Essilor, Kering, Legrand, LVMH, Michelin, Pernod Ricard, Publicis, Renault, Sodexo, Stellantis, Teleperformance, Thalès, Veolia.

"Alors que Véolia revendique la place de “n°1 de la transformation écologique, la mesure, pourtant demandée par les syndicats, ne semble pas intéresser les dirigeants", explique le rapport.

Pour Thalès, le forfait mobilité n'a pas été mis en place pour une raison très simple: "il n’est pas obligatoire”.

Danone a “préféré des mesures portant sur le pouvoir d’achat des salariés”.

"Réduire le coût de transport des collaborateurs ne va-t-il pas dans le sens d’une augmentation du pouvoir d’achat?", interroge Mathieu Orphelin.

D'autres, comme Michelin et Arcelor Mital, avancent des raisons concrètes pour ne pas avoir mis en place le forfait, notamment "la non-accessibilité à vélo de certains sites industriels".

Une explication entendue par Mathieu Orphelin qui estime toutefois que "rien n’empêche de commencer par mettre en place le forfait mobilités durables pour le covoiturage, réfléchir à des solutions alternatives, ou même de travailler avec les collectivités locales à l’accessibilité de leurs sites".

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco