Pour Djebbari, il "est hors de question" de fragiliser Air France-KLM en lui retirant des créneaux
D'éventuelles contreparties imposées par Bruxelles pour un sauvetage d'Air France-KLM par le gouvernement français, comme une cession de créneaux aéroportuaires, ne sauraient "grever la compétitivité" du groupe ou le fragiliser, a estimé vendredi le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari.
"Nous sommes en discussions avec la Commission européenne sur le cadre des aides et il faut que les choses soient équilibrées", a déclaré le ministre en marge d'un déplacement à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle consacré au dispositif sanitaire et de contrôle des frontières mis en place face à l'épidémie de Covid-19.
"Il est hors de question que le groupe Air France-KLM, du fait de la recapitalisation, se retrouve grevé en compétitivité et se fragilise du fait d'une négociation qui ne serait pas équilibrée", a-t-il affirmé, ajoutant que "l'objectif du gouvernement [était] d'arriver à un accord équilibré".
Touché de plein fouet par la crise sanitaire, Air France-KLM a déjà bénéficié d'aides publiques substantielles: 10,4 milliards d'euros, dont 7 de prêts directs ou garantis par l'État français, actionnaire à 14,3%, et 3,4 milliard de l'État néerlandais, actionnaire à 14%.
Conversion du prêt de 3 milliards d'euros
Pour redresser sa structure de bilan, le groupe doit être recapitalisé, ce qui pourrait passer notamment par la conversion du prêt de 3 milliards d'euros de l'État français en obligations hybrides, considérées comme des capitaux propres, selon La Tribune.
Pour la Commission européenne, "si les États membres avaient l'intention d'apporter une aide de recapitalisation d'un montant supérieur à 250 millions d'euros à une entreprise très puissante sur les marchés sur lesquelles elle opérait, ils devaient proposer des mesures supplémentaires pour préserver une concurrence efficace".
Selon La Tribune, la Commission exigerait d'Air France qu'elle renonce à des créneaux ("slots") d'atterrissage et de décollage à l'aéroport parisien d'Orly, très convoités car plafonnés, dans une installation saturée. La direction d'Air France-KLM a fait savoir qu'elle était tout à fait opposée à cette concession.
"Nous ne comprendrions pas que l'on nous impose des mesures drastiques, qui affaibliraient notre position à Paris", a déclaré Benjamin Smith, directeur général de l'entreprise franco-néerlandaise, dans un entretien à L'Express. "Nous veillerons à ce que les contreparties soient proportionnées", a-t-il ajouté.
Plusieurs syndicats français ont également dénoncé toute volonté éventuelle de rétrocéder les précieux créneaux.