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Pénurie ou flambée des prix? Les produits de la mer menacés par la crise du Covid

Alors que des centaines de camions en provenance du Royaume-Uni sont bloqués à la frontière à cause de la nouvelle souche du coronavirus, le secteur des produits de la mer alerte les consommateurs.

"Il risque d'y avoir des pénuries les 23 et 24 décembre sur plusieurs produits, notamment sur les poissons et les fruits de mer." Ce matin sur BFMTV, Dominique Schelcher, le patron de système U a tenu à prévenir les consommateurs. Si vous n'avez pas encore votre homard ou vos queues de lotte du réveillon, vous allez peut-être devoir trouver un autre menu.

En cause la décision dimanche de la France de suspendre pour 48 heures les flux en provenance du Royaume-Uni depuis la découverte de la nouvelle souche du Sars-Cov-2. Or le pays est un gros fournisseur de fruits de mer pour le continent et particulièrement en période de fête où 10.000 camions passent la frontière chaque jours chargés de marchandises. Actuellement, ce sont 650 camions qui attendent sur le port de Douvres la réouverture de la frontière.

Si le "blocus" comme l'appellent les Britanniques est levé, les livraisons de fruits de mer pourront-elles avoir lieu à temps? Les professionnels de la filière ne sont guère d'illusion.

C'est une préoccupation très importante, si la situation se débloque autour de minuit ce soir, on aura un tel retard que ça arrivera malheureusement sur les étals trop tard, déplore Bernard Benassy sur BFMTV, le vice-président de l'organisation des Poissonniers de France. Les marchandises concernées sont les langoustines vivantes, les langoustines glacées, les homards, les pinces de tourteau, les saumons, les dos de cabillaud [...] La seule exception ce sont les noix de Saint-Jacques, on a un approvisionnement en France."

Décembre c'est 20% d'une poissonnerie

Un grand nombre de marchandises pourrait donc faire défaut. Si les consommateurs trouveront certainement d'autres solutions, c'est plus compliqué pour les poissonniers qui vont devoir trouver d'autres sources d'approvisionnement ou acheter davantage d'autres produits comme les huitres.

Dans une poissonnerie traditionnelle, le mois de décembre représente 20% des ventes de l'année, estime Bernard Benassy. Et pour Noël, on ne peut pas se retourner en 48 heures."

Une scénario moins pessimiste du côté de Rungis qui assure que les grossistes ont du stock.

Vous aurez tous les produits de la mer que vous souhaitez même si on importe un petit peu des eaux territoriales britanniques, assure Stéphane Layani, le PDG du Marché International de Rungis sur BFM Business. Les grossistes s'y sont pris à l'avance, ils ont déjà déjà des stocks. Il y aura des petites tensions sur les coquilles Saint Jaques, la langoustine, peut-être le homard mais pour le reste vous trouverez les poissons que vous souhaitez."

Si les détaillants auront de quoi se fournir, l'emballement pourrait en revanche entraîner une flambée des prix de certains produits.

Il y aura sans doute un effet sur les cours, il y aura plus de demandes, anticipe le patron de Rungis. Les opérateurs de Rungis savent s'adapter et franchement si on n'a pas de tourteau, on pourra faire autrement, il y aura beaucoup d'huitres françaises par exemple."

Encore 48 heures pour trouver un autre menu au cas où.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco