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Peintures, vêtements, emballages... Que sont les PFAS, ces "polluants éternels" présents dans votre quotidien?

Un projet de loi écologiste visant à restreindre la fabrication et la vente de produits contenant des PFAS, des substances surnommées "polluants éternels", est présenté ce jeudi à l'Assemblée nationale.

Les "polluants éternels" arrivent à l'Assemblée nationale. Les députés examinent ce mercredi un projet de loi écologiste visant à restreindre la fabrication et la vente de produits contenant des substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées –plus généralement appelées PFAS, de leur acronyme anglophone. Massivement présentes dans la vie quotidienne, ces substances sont quasi indestructibles et s'accumulent avec le temps dans l'air, le sol, l'eau, la nourriture et, in fine, dans le corps humain, d'où leur surnom de "polluants éternels".

Vêtements sportifs, textiles imperméables, "farts" de ski, poêles antiadhésives, emballages alimentaires, mousses d'extinction d'incendie, détergents, cosmétiques, médicaments, prothèses, enduits et peintures, membranes de filtration d'air et même durites de sondes spatiales… Les PFAS sont largement utilisés par les fabricants d'un grand nombre d'objets et de produits depuis des décennies, intéressés par leur résistance à la corrosion, à la chaleur ou à la lumière. Il existe des milliers des PFAS, sous forme gazeuse, liquide ou solide.

Pourquoi les "polluants éternels" inquiètent-ils les scientifiques ?
Pourquoi les "polluants éternels" inquiètent-ils les scientifiques ?
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Ces substances inquiètent pour plusieurs effets toxiques possibles sur la santé humaine, mais les études sur le sujet sont encore incomplètes. D'autant que tous les PFAS ne sont pas précisément connus, ce qui complique la surveillance sanitaire. Si "les connaissances sur les risques sanitaires associés aux différents PFAS sont insuffisantes, voire absentes", des "effets nocifs et toxiques sur le métabolisme humain ont été observés pour plusieurs PFAS", a résumé l'Inspection générale de l'environnement et du développement durable (IGEDD) française en 2023.

En cas d'exposition prolongée, certains PFAS peuvent favoriser des cancers, affecter la fertilité et le développement du fœtus, ou encore favoriser les risques d'obésité, selon diverses études. De ce fait, la contamination de l'eau potable par les PFAS est régulièrement dénoncée. En Europe, 17.000 sites seraient contaminés, dont 2.100 à des niveaux dangereux pour la santé (plus de 100 nanogrammes par litre), selon une cartographie menée par une quinzaine de médias et publiée en février 2023. La "vallée de la chimie", près de Lyon, est particulièrement scrutée.

À l'horizon 2026 et 2030

Le texte présenté par Nicolas Thierry, député écologiste de Gironde, vise à réduire l'exposition de la population française aux PFAS, en interdisant la fabrication, l'importation, l'exportation et la mise sur le marché de certains produits qui en contiennent. Dans sa version initiale, il prévoyait d'interdire l'usage des PFAS à échéance de juillet 2025 pour certains produits, et de 2027 pour les autres, avec d'éventuelles dérogations. Afin d'obtenir une majorité en commission du développement durable la semaine dernière, Nicolas Thierry a accepté d'en restreindre l'ambition.

La version présentée dans l'hémicycle prévoit d'interdire à compter du 1er janvier 2026 tout ustensile de cuisine, produit cosmétique, produit de fart (pour les skis) ou produit textile d'habillement contenant des PFAS, à l'exception des vêtements de protection pour les professionnels de la sécurité et de la sécurité civile. L'ensemble des textiles seraient concernés par l'interdiction à compter du 1er janvier 2030. Le secteur des emballages sort toutefois du périmètre de la loi, dans la mesure où un règlement européen doit "très prochainement" l'encadrer plus strictement.

Autres mesures: l'obligation de contrôler la présence de PFAS dans l'eau potable sur tout le territoire et l'application du principe pollueur-payeur avec une taxe visant les industriels qui en rejettent.

Jérémy Bruno avec AFP Journaliste BFMTV