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Wall Street connaît sa pire semaine depuis 2008

Une semaine noire pour les Bourses mondiales

Une semaine noire pour les Bourses mondiales - JOHANNES EISELE / AFP

Wall Street a clôturé vendredi sur ses plus lourdes pertes hebdomadaires depuis octobre 2008, au pic de la crise financière mondiale, les investisseurs s'affolant de la propagation du coronavirus dans le monde et de ses conséquences économiques.

Le Dow Jones a perdu 1,39%, à 25.409,36 points. Il a abandonné plus de 3.500 points sur l'ensemble de la semaine. Le S&P 500 a baissé de 0,82%, à 2.954,22 points, et le Nasdaq a lui grappillé 0,01% à 8.567,37 points, limitant ses pertes grâce à plusieurs valeurs technologiques.

Sur l'ensemble de la semaine, les pertes restent colossales à Wall Street, la place new-yorkaise étant officiellement entrée en période de correction en perdant plus de 10% depuis la clôture de vendredi dernier. 

Les principaux indices new-yorkais, qui ont évolué très nettement dans le rouge toute la séance de vendredi, sont aussi un peu remontés après des déclarations du président de la Réserve fédérale. Jerome Powell s'est en effet dit prêt à agir pour soutenir l'économie américaine si celle-ci était durement affectée par le coronavirus, laissant la porte ouverte à une prochaine baisse des taux directeurs américains, actuellement dans une fourchette de 1,50% à 1,75%.

Dans un marché particulièrement frileux, les investisseurs se sont tournés massivement vers les obligations, jugées moins risquées que les actions. Le taux à 10 ans sur la dette américaine a ainsi une nouvelle fois atteint vendredi un plus bas historique, à 1,1143% en cours de séance, tout comme le taux à 30 ans sur les bons du Trésor américain, tombé à 1,6366%.

Parmi les valeurs du jour, United Airlines a chuté de 5,2%. La compagnie aérienne a annoncé réduire son nombre de vols vers le Japon, Singapour et la Corée du Sud et maintenir la suspension de ses trajets entre les Etats-Unis et plusieurs villes chinoises jusque fin avril.

Honeywell, qui fournit des équipements aux entreprises, a progressé de 1,6%. L'entreprise a indiqué dans un communiqué faire face à "une flambée de la demande pour des masques de protection du visage en Amérique du Nord, en Europe et en Chine" et assuré avoir augmenté son rythme de production mondial.

Une semaine noire pour les Bourses mondiales

Accablées par le coronavirus, les Bourses mondiales ont ainsi encaissé leur pire semaine depuis 2008. Une dégringolade qui a commencé dès lundi alors que se multipliaient les cas de pneumonie virale hors de Chine. De Tokyo à New York, les indices ne sont ensuite jamais parvenus à se ressaisir franchement, paniquant des acteurs du marché habitués à les voir rebondir facilement.

Les unes après les autres, des multinationales comme Microsoft ou Air France-KLM ont prévenu que la crise sanitaire allait avoir un réel impact sur leurs résultats financiers. Il ne s'agit plus seulement de quelques voyages ou achats reportés à plus tard, mais de la menace d'un ralentissement marqué de la croissance sur la planète. 

Le conseiller économique de Donald Trump, Larry Kudlow, a exhorté vendredi les courtiers à ne pas agir dans la précipitation, estimant que le plongeon de plus de 10% à la Bourse de New York allait "trop loin". 

Les marchés asiatiques avaient déjà durement accusé le coup, l'indice japonais Nikkei perdant par exemple 3,67% vendredi, entraînant dans leur sillage les places européennes. A la clôture vendredi, Paris était en recul de 3,38%, Londres de 3,18%, Francfort de 3,86%, Madrid de 2,92% et Amsterdam de 3,68%.

Les pertes enregistrées par les grands indices boursiers européens depuis vendredi dernier, autour de 12%-13%, sont comme à Wall Street les plus importantes depuis la crise financière de 2008-2009, quand l'économie mondiale était entrée en récession.

De l'avis de plusieurs analystes, c'est moins la gravité sanitaire de l'épidémie en tant que telle qui inquiète que les mesures prises pour la contenir, particulièrement dommageables pour l'économie mondiale.

Désormais, "la vraie question est de savoir si ce choc économique est ponctuel avec un redémarrage ou si l'on a véritablement l'enclenchement d'un scénario beaucoup plus noir", estime Christian Parisot, chef économiste du courtier Aurel BGC.

Sandrine Serais avec AFP