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LEP, Livret A, SCPI, assurance-vie: où faut-il placer son argent en 2024?

La hausse des taux d'intérêt commence à profiter aux épargnants. De nombreux placements pourraient ainsi battre l'inflation en 2024. Tour d'horizon.

L'argent coûte plus cher mais l'argent rapporte aussi davantage. Et l'épargnant a de plus en plus de choix pour placer ses bas de laine. C'est dans ce contexte que Bercy a annoncé lundi 15 janvier le nouveau taux du Livret d'épargne populaire (LEP), qui entrera en vigueur à compter du 1er février prochain. Et même s'il baisse, puisqu'il passera de 6% à 5%, c'est plutôt une bonne nouvelle.

En effet, si le ministère de l'Économie avait suivi la formule de calcul, autrement dit l’évolution de l’inflation hors tabac entre juillet et décembre dernier, la rémunération du LEP aurait dû tomber à 4,4%. On reste donc bien au-dessus de l’inflation pour les détenteurs de ce livret d’épargne. Inflation qui était de 3,7% sur un an en décembre. Surtout que la hausse des prix devrait encore ralentir dans les mois prochains et que le taux du LEP ne sera pas changé avant au moins 6 mois.

• Le LEP, le livret défiscalisé le plus rémunérateur

Le LEP reste quoi qu'il arrive le livret défiscalisé le plus rémunérateur. Ce qui explique son succès au cours des derniers mois. On comptait ainsi 10,7 millions de détenteurs de LEP fin novembre (contre 8,3 millions fin 2022), selon les dernières données de la Caisse des dépôts et consignations (CDC). L'encours total, à 66,6 milliards d'euros, reste cependant assez modeste au regard des autres placements des Français. Car tout le monde n’y a pas accès.

Les plafonds de revenus sont même assez bas pour pouvoir y prétendre: 22.419 euros de revenu fiscal de référence (RFR) pour une personne seule par exemple en métropole, et c’est un peu plus en Outre-Mer (26.531 euros en Guadeloupe, en Martinique ou à La Réunion ; 27.737 en Guyane ; et 41.570 euros à Mayotte). Ces plafonds montent ensuite en fonction du nombre de parts de quotient familial. Il y a aussi un montant maximum: on ne peut pas placer plus de 10.000 euros hors intérêts sur un LEP.

• Le Livret A toujours à 3%

Si vous dépassez les plafonds, vous pouvez alors vous tourner vers le Livret A. Là, comme Bercy s'y était engagé, le taux est gelé à 3% jusqu’en janvier 2025. Ce qui a une nouvelle fois été confirmé ce lundi. Sur ce plan, si l'exécutif avait suivi la formule de calcul, le taux du Livret A (qui s'applique aussi au LDDS) aurait dû passer à 3,9%. Comme ces deux produits sont ouverts à tous, ils sont beaucoup plus répandus parmi les épargnants.

À fin novembre, les encours sur ces deux livrets réglementés pesaient 546,5 milliards d'euros, selon le décompte de la CDC. On dénombrait 56 millions de Livrets A ouverts fin 2022, selon le dernier rapport sur l'épargne réglementée publié par la Banque de France. Il y avait en parallèle 24,8 millions de LDDS fin 2022, toujours selon ce rapport. Il existe là encore des plafonds pour ces deux placements (22.950 euros pour un Livret A, 12.000 euros pour un LDDS).

>> CALCULATEUR - Ce que vous allez gagner (ou perdre) avec les nouveaux taux du Livret A et du LEP

Précision importante: tous ces livrets réglementés (Livret A, LDDS et LEP) sont défiscalisés. Autrement dit, vous ne payez pas d'impôt sur les intérêts. C'est un atout de taille par rapport à la concurrence.

• Des "super livrets" pas forcément avantageux

Car il existe certes des "super livrets" non réglementés, avec des taux boostés pendant quelques mois, qui peuvent parfois dépasser les 4% voire les 5% de rendement. Il faut cependant regarder avec précision ce que cela donne sur une année pour voir si c'est plus avantageux qu'un Livret A. Par exemple, un livret qui promet un taux à 5% sur 3 mois puis 2% par la suite revient sur une année entière à un taux de 2,75%.

En outre, cela ne prend pas en compte la fiscalité. Si on suppose qu'on applique le prélèvement forfaitaire unique (PFU) à 30% sur les intérêts versés, il faut dépasser les 4,3% de rendement annuel pour faire mieux que le Livret A (fiscalité comprise).

En dehors des livrets, certains épargnants se tournent alors vers les comptes à terme (les sommes sont bloquées un certain laps de temps, par exemple un ou deux ans), avec des rendements qui peuvent grimper jusqu'à 5% mais qui tournent le plus souvent autour de 3%.

• Du mieux pour l'assurance-vie

Le placement financier privilégié des Français (en épargne totale) reste pour l'instant, et de loin, l'assurance-vie, avec 1.917 milliards d'euros d'encours à fin novembre selon les derniers chiffres disponibles de France Assureurs. De ce côté-là, la hausse des taux d’intérêt commence enfin à se faire sentir sur la rémunération. C’est en effet en décembre et janvier que les assureurs dévoilent le taux de rendement pour les épargnants pour les fonds euros (ceux qui sont garantis en capital).

L'Afer, l'association française d'épargne et de retraite, a justement annoncé ce mardi 16 janvier son taux de rendement pour son assurance-vie en fonds euros, qui a longtemps été la référence du marché. Il sera de 2,22% en 2023 (après 2,01% en 2022). Globalement, après un rendement moyen de 1,9% pour les assurances-vie en fonds euros en 2022, on devrait tourner autour de 2,5% en moyenne pour 2023, selon les prévisions du site Good Value for Money.

Mais certains contrats font beaucoup mieux. Garance Mutuelle a par exemple annoncé du 3,5%. Et c’est Placement Direct qui pour l’instant affiche le meilleur rendement pour 2023 avec 4,1% de rémunération nette de frais. Le placement est tout jeune puisqu’il a été lancé le 15 novembre dernier. Mais c’est justement un atout dans le contexte actuel.

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En effet, sur la partie fonds euros, une assurance-vie qui existe depuis de nombreuses années doit d’abord solder ses anciennes positions. Autrement dit des obligations d’État ou d’entreprises qui avaient des taux très bas. Alors qu’un contrat récent achète des obligations récentes, et donc avec des taux plus élevés. Pour l’année qui vient, on peut aussi être optimiste et certains assureurs seront sans doute capables de sortir entre 3 et 4% de rendement pour 2024.

• Les SCPI un peu plus à la peine

Après plusieurs années fastes, les SCPI (sociétés civiles de placement immobilier) sont quant à elles un peu plus à la peine. Le principe: vous confiez votre argent à une sorte de fonds qui va acheter des immeubles (résidentiel, hôtels, bureaux, commerces, logistique, etc.) et vous reversera votre part des loyers, une fois les frais de gestion réglés. C'est plus risqué que les fonds euros mais normalement mieux rémunéré.

Cependant, avec la hausse des taux, ces acteurs ont plus de mal à trouver des locataires et paient plus cher leurs dettes. Ils ont donc dû ajuster à la baisse les rendements affichés (et/ou baisser le prix des parts). Les rendements peuvent aller jusqu'à 6 ou 7% pour les SCPI les plus rentables mais la moyenne de l'ensemble des SCPI est plus basse. Au troisième trimestre, le taux de distribution annualisé pour les 9 premiers mois de l'année était de 4,32%, selon France SCPI.

• Le CAC 40 a progressé de 16,5% en 2023

Enfin, pour ceux qui veulent des placements plus rentables, il faudra se tourner vers la Bourse, beaucoup plus volatile. En 2023, le CAC a affiché une belle performance (+16,5%), après une année 2022 compliquée (-9,5%). Sur 5 ans (2018-2022), le rendement moyen des actions du CAC 40 atteint 6,08%, selon notre palmarès BFM Bourse 2023 des actions du CAC 40 les plus rentables (notre palmarès 2024 sera dévoilé dans les prochains jours).

Enfin, encore plus risqué: les cryptomonnaies. Le bitcoin a connu une envolée l'année dernière (environ +156% en dollars). Mais depuis le début de l'année, il patine (-2%). Ce peut donc être intéressant d'avoir une pincée de cryptos parmi un portefeuille d'investissements diversifiés (immobilier, livrets, assurance-vie, actions…). On rappellera cependant une règle immuable: plus le rendement d'un placement est potentiellement élevé, plus le risque de perdre sa mise de départ est important.

https://twitter.com/jl_delloro Jean-Louis Dell'Oro Rédacteur en chef adjoint BFM Éco