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Fiscalité

Deux milliards de baisse d’impôt pour les classes moyennes: qui sera concerné?

La date est fixée: 2025. Le montant également: deux milliards d'euros. Mais combien de Français en bénéficieront et selon quels critères, cela reste à définir. Et la tâche s'annonce d'autant plus délicate qu'il n'existe pas de défintion de la classe moyenne.

Emmanuel Macron a redit dans sa conférence de presse mardi soir que la classe moyenne bénéficiera en 2025 de deux milliards d’euros de baisse d’impôts. On ne sait pour autant toujours pas qui, concrètement, en profitera.

D’abord, parce qu’il n’y a pas de définition officielle de la classe moyenne. Il s'agit d'un concept assez flou. Emmanuel Macron a sa propre définition: "Ceux qui sont trop riches pour être aidés et pas assez riches pour bien vivre". On voit assez bien où se situe la limite inférieure: ceux qui touchent des aides sociales. Mais pour la limite supérieure, on reste dans le brouillard.

Baisse d'impôts pour les classes moyennes: qui sera concerné?
Baisse d'impôts pour les classes moyennes: qui sera concerné?
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Il existe tout de même une définition qu’on relaye souvent: celle de l’Observatoire des inégalités, un organisme indépendant qui suit l’évolution de la répartition des richesses en France. Selon ses experts, la population se répartit en trois grandes catégories. Dans le bas de l’échelle, figurent les "ménages pauvres et modestes" dont les revenus se situent parmi les 30% les plus bas. En haut de l’échelle se hissent les 20% qui gagnent le mieux leur vie, les "ménages aisés". Et, entre les deux, les 50% qui constituent la classe moyenne.

A partir de 2.786 euros par mois, un célibataire fait partie des ménages aisés

Avec cette définition on peut alors définir concrètement à partir de quels revenus un contribuable passe de la classe moyenne aux ménages aisés. Sachant que ce seuil dépend évidemment de la composition du ménage concerné. Plus il compte d’enfants, plus ce seuil est élevé. Prenons l’exemple d’un célibataire: en 2021 (données les plus récentes de l’Insee), le seuil se situe à 2.786 euros par mois, montant prenant en compte tous ses revenus, impôt sur le revenu déduit.

Pourtant avec ces 2.800 euros par mois, il est probable qu’un célibataire vivant à Paris ne se considèrera "pas assez riche pour bien vivre", pour reprendre la définition d’Emmanuel Macron. Car la percpetion qu'ont les Français de leur position dans la société est loin de correspondre à la réalité décrite par les économistes. C'est simple, en France, quasiment personne ne se voit riche.

Seul 1% des Français admet faire partie des ménages aisés

Selon un sondage dévoilé en novembre dernier par la Fondation Jean Jaurès, 1% seulement des Français se considérait comme faisant partie des ménages "favorisés ou aisés". Alors que 62% des personnes interrogées revendiquent leur appartenance à la classe moyenne. Avec, évidemment des nuances, 33% se voyant dans la classe moyenne "inférieure" et 10% dans la classe moyenne "supérieure".

Il y a donc fort à penser que la promesse du chef de l’État fasse beaucoup de déçus. La France compte en effet 40,2 millions de foyers fiscaux. Ce qui signifie que même en se contentant de suivre la définition de l’Observatoire des inégalités (50% des ménages dans la classe moyenne) les deux milliards d’euros promis devraient bénéficier à 20 millions de foyers fiscaux, soit 100 euros en moyenne par contribuable. Pas vraiment de quoi calmer le ressentiment de "ceux qui sont trop riches pour être aidés et pas assez riches pour bien vivre".

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco