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Dans quelles régions les Français ont-ils le plus recours à un crédit à la consommation?

Le recours à un crédit à la consommation varie largtement d'une région à l'autre

Le recours à un crédit à la consommation varie largtement d'une région à l'autre - JOEL SAGET / AFP

[AVIS D'EXPERT] C'est en région parisienne que les ménages ont le moins recours à un crédit à la consommation. Décryptage avec notre expert Guillaume Almeras, fondateur du site de veille et de conseils Score Advisor.

Bien entendu, quand Cofidis, acteur majeur du crédit à la consommation en France, affirme qu’aujourd’hui "les détenteurs de crédits à la consommation sont de bons gestionnaires de leur budget, et consacrent leur crédit, souscrit sereinement, à des projets de vie", on peut n’y entendre qu’un plaidoyer pro domo et considérer l’affirmation avec quelque suspicion.

Pourtant, les chiffres, issus d’une enquête menée par CSA, que révèle la carte de France du crédit à la consommation que vient de publier Cofidis, sont étonnants.

Pourquoi donc l’Ile-de-France est-elle de loin la région où l’on a le moins recours au crédit à la consommation?

Crédit à la consommation
Crédit à la consommation © Cofidis

La réponse semble être donnée dans les autres cartes fournies, puisque les habitants d’Ile-de-France comptent également parmi ceux qui s’estiment les moins exposés au contexte économique actuel et sont surtout ceux qui, en France, estiment (sans surprise) avoir le pouvoir d’achat le plus élevé:

Crédit à la consommation
Crédit à la consommation © Cofidis

Cela confirmerait la vision traditionnelle voulant que, dans bien des cas, le crédit à la consommation n’est qu’un expédient pour faire face à des situations difficiles. Y étant les moins exposés, les habitants de l’Ile-de-France seraient ceux qui ont le moins besoin d’y recourir.

Seulement, cette explication ne tient pas: les Normands sont parmi ceux qui estiment le plus avoir un pouvoir d’achat affaibli et ils comptent également parmi ceux qui ont le moins recours au crédit à la consommation. Et dans les Hauts-de-France – la région où le recours à ce dernier est de loin le plus élevé - il y a autant d’habitants qui estiment leur pouvoir d’achat élevé que faible.

Des crédits en lien avec la confiance en soi

En fait, l’explication semble tenir, de manière inattendue, à un élément que révèle une autre carte: celle, par régions, des Français s’estimant bons gestionnaires de leurs finances.

Crédit à la consommation
Crédit à la consommation © Cofidis

Si l’on reprend l’ensemble des chiffres fournis, en effet, il apparaît que dans toutes les régions dont les habitants s’estiment à au moins 89% bons gestionnaires de leurs finances, le recours au crédit à la consommation par foyer est égal ou supérieur à la moyenne nationale (40%). Il n’y a qu’une seule exception: la région Centre Val-de-Loire.

En revanche, partout où l’estimation est inférieure à 89%, le recours au crédit à la consommation est également inférieur à la moyenne nationale. Il n’y a là aussi qu’une exception: l’Occitanie. Compte tenu du nombre important de facteurs divers conditionnant le recours au crédit à la consommation, ce faible nombre d’exceptions montre qu’il y sans doute là une tendance de fond.

Une tendance qu’il faut bien reconnaître, ainsi que la qualifie Cofidis, comme "la preuve d’une certaine maturité face au crédit". Disons-le en d’autres termes: en situation économique plus difficile, loin de provoquer une sorte de fuite en avant dans l’endettement comme il est généralement attendu, les risques liés au fait d’avoir recours au crédit seraient bien plus apparents pour une population ayant gagné en maîtrise dans la gestion de ses finances et adoptant en conséquence une attitude beaucoup plus prudente. De plus en plus, le recours au crédit participerait ainsi de la construction de soi, relevant de la confiance en soi que l’on peut s’accorder dans une perspective de bien-être. Une psychologisation du rapport à l’argent que l’étude de Cofidis devine particulièrement chez les moins de 35 ans.

Faut-il y voir également l’une des raisons de la réduction significative et assez inattendue des taux de surendettement ces dernières années (des taux qui sont néanmoins repartis à la hausse en 2023)? A notre connaissance, c’est la première fois qu’une étude met aussi clairement en jeu une notion de "maturité financière" qui mérite certainement d’être plus explorée.

Par Guillaume Almeras, fondateur du site de veille et de conseils Score Advisor