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Patrick Artus: "L'inflation à 5%, les salaires à +3%, il va y avoir un problème social massif"

Sur BFM Business ce vendredi, le chef économiste de Natixis estime que l'inflation sera payée par les consommateurs.

La guerre en Ukraine risque de coûter cher aux consommateurs européens et français. Toutes les prévisions s'accordent désormais à estimer que l'inflation sera durable sur l'année, quelle que soit désormais l'issue de la guerre.

Invité sur BFM Business ce vendredi, Patrick Artus, chef économiste chez Natixis l'estime autour de 5% en France sur l'année. Des prévisions entourées de nombreuses incertitudes mais qui sont susceptibles de nuire à la croissance et au pouvoir d'achat.

"Les entreprises n'ont pas coupé leur budget d'investissement mais elles font des économies de coûts pour compenser le coût de l'énergie par des baisses d'autres coûts, assure l'analyste. Elles vont sûrement être très prudentes sur les recrutements, sur les voyages et sur les coûts immobiliers. Les prévisions qui circulent sont toutefois assez raisonnables, on devait être à 4% de croissance, on est à 3."

Selon lui la croissance sera inférieure à 3% cette année en France, aux alentours de 2,5%.

"Le déficit public sera à 7 ou 8%"

Outre l'impact sur la croissance, l'inflation plombera surtout le pouvoir d'achat.

"Il y aura des primes et des petits aménagements mais les salaires vont augmenter de 3% quand l'inflation va monter à 5%, estime Patrick Artus. Les salariés demanderont une compensation. Il faut se rendre compte du problème social que tout ça va créer."

Le poids des dépenses contraintes déjà à l'origine de la crise des gilets jaunes rique d'augmenter dans les mois qui viennent.

"Avant cette crise un ménage français modeste dépensait environ 40% de son revenu à se loger, 15% à acheter de l'énergie et 17% pour l'alimentation, rappelle-t-il. Si le 15 et le 17 deviennent 25, il va dépenser environ tout son revenu pour l'alimentation, l'énergie et logement, il va y avoir un problème massif."

Dans ce contexte, ce sont les finances publiques qui vont de nouveau jouer le rôle d'amortisseur, estime Patrick Artus.

"L'économie de guerre c'est assez simple, le déficit public de la France cette année ce devait être 5% du PIB, on va être au moins à 7 sinon à 8, anticipe-t-il. Il y a du militaire, il y a de l'aide aux ménages, de l'aide aux entreprises, il y a des pertes de recettes fiscales."
Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco