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Pass sanitaire: des pharmaciens "à bout de souffle", débordés par la demande en tests antigéniques

Selon la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, le nombre de tests a plus que triplé depuis la mise en place du pass sanitaire. Les officines commencent à tirer la langue.

"Oui c'est vrai, on est fatigué, mais il faut tenir." Voilà le message, glissé entre deux injections de vaccin Janssen à des patients, de Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF, qui représente environ 75% des professionnels.

En plein été, certaines pharmacies ne désemplissent pas, notamment dans les lieux de vacances où la population explose pendant les deux mois de vacances. Mais cette année est évidemment particulière depuis la mise en place des tests antigéniques dans les officines. Si les pharmaciens n'ont pas chômé depuis la fin de l'année dernière, la demande a soudainement explosé.

"Sur notre réseau, nous étions à 600.000 tests par semaine habituellement" explique Philippe Besset. "On en a fait 1,5 million la semaine dernière et on va probablement dépasser les 2 millions de tests cette semaine."

Raisons de cette affluence: le rebond épidémique et la mise en place du pass sanitaire, le 21 juillet, pour certains lieux, comme les parcs de loisirs ou les discothèques. Et ce n'est qu'un début puisque le pass va s'étendre aux bars et restaurants le 9 août prochain.

Selon la Drees, 3,6 millions de tests RT-PCR et antigéniques ont été validées entre le 19 et le 25 juillet dernier contre près de 2,4 millions lors de la semaine précédente, soit une hausse de 1.210.000 tests (+50%) en l'espace d'une semaine.

"Il y a des jours, c'est explosif"

"On est complétement débordés à la fois par les tests mais aussi par les questions" explique sur BFM Côte d'Azur Emmanuel Hess, représentant des pharmaciens dans les Alpes-Maritimes. "Il y a des jours, c'est explosif, c'est du non-stop, j'ai au minimum deux personnes qui testent en permanence."

Et les conséquences sur le personnel se font déjà sentir. "Nous avons des équipes à bout de souffle, nous avons de plus en plus en plus d'arrêts maladie" et même "des gens qui veulent changer de métier", s'alarme le pharmacien.

Récemment, l'Ordre national des pharmaciens a aussi alerté contre les violences subies par certains pharmaciens, notamment dans les pharmacies de garde, appelées pour des tests de dernière minute avant l'entrée en boîtes de nuit. "Parfois, elles sont appelées jusqu’à 1 heure du matin pour des tests rapides, et peuvent en réaliser jusqu’à 80 par jour en comptant les fêtards qui veulent un pass de dernière minute pour entrer en boîte de nuit" explique à France 3 Hugues Videlier, président du Conseil régional de l'Ordre des pharmaciens de Rhône-Alpes.

A ces tests s'ajoutent d'ailleurs les injections de vaccin contre le Covid-19 (Pfizer, Moderna ou Janssen). "C'est compliqué de faire les deux en même temps, il faut désinfecter la pièce entre les deux" indique Philippe Besset. Certaines pharmacies abandonnent les tests au profit des vaccins, d'autres font le choix inverse. L'enjeu économique n'est pas le même: le test antigénique est facturé 25 euros à la pharmacie contre 7 euros pour le vaccin.

Mais c'est bien le vaccin qui pourra faire baisser la pression, face à ces formes de tests de confort estivaux. "Je réfute cette idée du test de confort" tranche néanmoins Philippe Besset. "Mais je leur demande systématiquement: pourquoi vous n'êtes pas vacciné?"

Au 29 juillet, 41,6 millions de Français avaient reçu une première dose et 37,7 millions ont leur schéma vaccinal complet. Pour rappel, le pass sanitaire implique un test PCR de moins de 72h, un test antigénique de moins de 48h ou une vaccination complète (7 jours après la double vaccination). Si les rendez-vous ont explosé depuis l'extension annoncée du pass, les pharmaciens devront donc s'armer de patience avant que la pression ne retombe.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business