BFM Business
Economie

"On a conscience de la pression": les distributeurs prudents sur la vente de carburant à prix coûtant

Les distributeurs ont rendez-vous à Matignon demain après-midi. Ils attendent de voir ce que l'exécutif attend vraiment d'eux, en matière de vente de carburant à prix coûtant.

L'exécutif a changé son fusil d'épaule. Après avoir proposé la vente à perte en réponse à l'envolée des prix des carburants et s'être heurté au refus des distributeurs, Emmanuel Macron a finalement opté pour la vente à prix coûtant.

L'autorisation de vente à perte, attendue dans un texte ce mercredi en Conseil des ministres, n'y "sera pas" finalement, a annoncé le président de la République dimanche. "On la garde comme menace", a-t-il indiqué. En revanche, la Première ministre Elisabeth Borne va demander cette semaine à la filière "de faire à prix coûtant", a-t-il expliqué.

Après ce rétropédalage, les différentes enseignes sont dans l'expectative. Mais après avoir entendu parler de vente à perte, le prix coûtant semble être un moindre mal. "L'intérêt de cette annonce, c'est qu'on le fait déjà", nous dit-on chez un distributeur, qui est habitué, comme les autres, à pratiquer ce type d'opération pour des week-end ou des départs en vacances.

"La limite de ce qu'on peut faire, ce sont les limites économiques"

Une autre source salue le fait que les distributeurs soient concertés, contrairement à ce qu'il s'est passé il y a une dizaine de jours, quand ils ont appris dans Le Parisien-Dimanche le projet de revente à perte du gouvernement. Reste à voir ce que l'éxecutif a en tête, cette fois, notamment sur la durée de la mesure. Réponse mardi à 17h30 à Matignon: Elisabeth Borne a convié raffineurs, distributeurs et professionnels à se mettre autour de la table.

"On est bien conscients de cette réelle pression et tension qu'il y a chez les Français, plus le jeu politique qui fait que certains ajoutent de l'huile sur le feu… Mais la limite de ce qu'on peut faire, nous, ce sont les limites économiques", nous dit un acteur du secteur.
Doze d’économie : Ne dites plus vente à perte, dites prix coûtant ! - 25/09
Doze d’économie : Ne dites plus vente à perte, dites prix coûtant ! - 25/09
6:28

Et cet acteur de rappeler qu'une station essence, c'est certes du carburant, mais ce sont aussi des charges -comme l'entretien des pompes et l'electricité- des salaires, des impôts… Tout ce qu'il y a, aussi, derrière un prix coûtant.

"Ce n'est pas chez nous que se trouve l'argent magique", s'agace une autre source.

Qui rappelle qu'un distributeur fait seulement un, deux voire trois centimes d'euros de marge sur un litre de carburant et que cela n'aura donc même pas un un gros impact pour le consommateur.

Pauline Tattevin