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Neige et verglas: ce que coûte le maintien de la circulation automobile

Pour permettre aux automobilistes de circuler sur les routes lorsqu'il neige ou gèle, les départements dépensent des millions d'euros.

Alors que la tempête Gabriel s’apprête à toucher la France, 43 départements ont été placés en alerte orange ce mardi, notamment pour risque de neige et verglas. Pour faire face à ce type d’intempéries, les collectivités mettent en place chaque année un "plan de viabilité hivernale" plus ou moins important afin de maintenir la circulation sur leur réseau routier.

Des investissements parfois lourds

Le département de l’Isère, habitué à ces phénomènes, consacre par exemple 9 millions d’euros de son budget pour déneiger 4680 km de routes départementales chaque hiver, soit près de 2000 euros par km. Les 305 agents dévolus à cette tâche disposent de 27.000 tonnes de sel par an et de 200 engins de déneigement. Également exposé aux chutes de neige, le département de Haute-Savoie investit pour sa part 13 millions d’euros dans son plan de viabilité. cette somme représente environ 7% du budget dédié à l'entretien d'un réseau routier plus restreint (3000 km).

Ce même investissement comprend l’achat de sel (20%), le fonctionnement et l’amortissement du matériel roulant, à savoir 144 camions et chasse-neiges (33%), le paiement des salaires du personnel (30%) et des prestations extérieures dont les circuits sous-traités au privé (17%).

D'autres départements, pourtant moins fréquemment confrontés à ce type d'intempéries, ne lésinent pas pour autant sur les moyens. C'est le cas de l’Établissement public interdépartemental Yvelines/Hauts-de-Seine qui consacre lui aussi 13 millions d’euros pour "maintenir des conditions minimales de circulation pendant la durée du phénomène (neige, verglas…)" sur les routes des deux départements. L’EPI dispose notamment de 4000 tonnes de sel et 32 saleuses équipées de lames de déneigement.

Bien que nécessaires lors d'épisodes neigeux majeurs, ces investissements représentent aussi un budget important, en particulier pour les départements rarement confrontés à ce type d’événement. Et pour cause, le simple achat d’un engin dédié au déneigement coûte environ 350.000 euros. Un camion équipé de lame et saleuse coûte quant à lui entre 200.000 et 250.000 euros.

Faut-il rendre obligatoire les pneus neige? 

Dans ces conditions, vaut-il vraiment la peine d’investir massivement dans ce genre d’équipement alors qu'il neige seulement quelques jours par an? Pour réduire les frais, les départements cherchent en tout cas à saler moins, mais mieux. Car le sel de déneigement est coûteux mais également polluant.

En effet, "sur la biodiversité, des études ont démontré qu’il affecte les abris de la faune, qu’il contribue à former une pâte asphyxiante pour les racines des végétaux et qu’on le retrouve dans l’eau des lacs", a souligné la Direction interdépartementale des routes de l’Est.

Des alternatives pour réduire ces coûts et ces effets néfastes existent. L'Allemagne a par exemple décidé en 2010 de rendre obligatoire les pneus spéciaux lors des épisodes hivernaux. En France, certaines communes des départements de montagne vont pouvoir faire appliquer ce principe à compter du 1er novembre. La liste des communes concernées sera divulguée au printemps. 

Reste qu'un pneu neige coûte cher: environ 30 à 40% de plus qu'un pneu normal. Mais les Allemands semblent s'être tout de même pliés à l'obligation. De fait, à nombre de voitures comparables, il se vend quatre fois plus de pneus hiver outre-Rhin (18,5 millions en 2017) que dans l'Hexagone (4 millions en 2017). 
Paul Louis