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Luc Chatel (La Plateforme automobile): "L'automobile est le seul secteur qui n'a pas redémarré"

Luc Chatel, le président de la Plateforme Automobile.

Luc Chatel, le président de la Plateforme Automobile. - BFM Business

La crise des semiconducteurs aggrave les difficultés d'un secteur contraint de se transformer avec l'électrification du parc automobile.

La crise s'aggrave dans l'automobile. Alors que l'économie mondiale se relève de la crise sanitaire, le secteur de l'automobile est un des rares à ne pas profiter de la reprise. En cause la pénurie de semiconducteurs qui continue de plomber une industrie très dépendante de ces composants électroniques.

Une situation qualifiée de "critique" par Luc Chatel, le président de La Plateforme automobile qui représente les constructeurs français, invité sur BFM Business.

"Nous sommes à peine à 70% d'activité dans nos usines, l'automobile est le seul secteur d'activité qui n'a pas redémarré, constate le porte-parole des constructeurs hexagonaux. Attendre son véhicule 8 à 9 mois, ça refroidit les acheteurs. Et comme le cycle des semiconducteurs est relativement long, ça peut encore durer une bonne partie de 2022."

Au niveau mondial, ce sont 8 à 10 millions de véhicules qui ne pourront pas être produits sur l'année du fait de cette pénurie. En France, la production sera en retrait de 20%. Le président de la Plateforme automobile peut difficilement estimer le nombre d'usines fermées à cause du manque de composants.

"Cela change chaque jour, assure Luc Chatel. Les constrcuteurs apprennent à la dernière minute, parfois la veille pour le lendemain quels composants vont leur être livrés."

Pour pallier au manque, les constructeurs sont ainsi de plus en plus contraints de supprimer certaines options pour satisfaire la demande.

"Dans une automobile, vous avez 5-6000 semiconducteurs aujourd'hui, c'est bourré d'électronique, décrit Luc chatel. Aussi bien pour fermer votre vitre que votre système de freinage. L'ABS par exemple c'est 400 semiconducteurs, il suffit qu'il y en ait un qui coûte 3 centimes et qui ne soit pas disponible, ça vous bloque la production de l'ensemble des véhicules."

La France en retard sur l'électrique

Un contexte de crise conjoncturelle qui vient par ailleurs se greffer sur une révolution structurelle du secteur. Les constructeurs doivent avancer à marche forcée vers l'électrification du parc de véhicules.

Un défi qui pose de nombreux problèmes tant en matière d'emplois, d'investissement, que de valeur ajoutée pour la production française ou encore d'acquisition pour les automobilistes.

"Ce défi a des conséquences sur toute la filière, assure le président de la Plateforme automobile. Un moteur électrique c'est 7 fois moins de composants qu'un moteur thermique. [...] La France ne représente 9% de la valeur ajoutée en Europe sur le véhicule électrique."

Pour rattraper le retard, Luc Chatel appelle l'Etat à jouer sur plusieurs leviers. La recherche et développement d'abord avec la pérennisation voire l'augmentation du fonds d'accompagnement aux entreprises du secteur (le CORAM). Le financement de grands projets structurants autour de l'hydrogène et des batteries électriques. Et enfin l'investissement dans les infrastructures pour permettre aux automobilistes d'utiliser leur véhicule électrique.

"Nous sommes très en retard sur les bornes de rechage, déplore ainsi Luc Chatel. Nous devions en avoir 100.000 d'ici la fin de l'année or nous en aurons 40 à 50.000."

L'exécutif va dévoiler ce mardi un nouveau plan d'investissement de 30 milliards d'euros baptisé France 2030 qui devrait comprendre un volet automobile.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco