Les avions d'Air France rouleront encore grâce à Michelin, spécialiste d'un marché hors du commun

L'entreprise française est le leader mondial des pneus pour avions. Soumis à des contraintes exceptionnelles, ils exigent une fabrication quasi-artisanale.

Air France a renouvelé son contrat exclusif avec Michelin pour les dix prochaines années, ont indiqué vendredi les deux groupes. "Pour les 10 prochaines années, le Groupe Michelin équipera la flotte d'Air France avec des pneus produits en France", précisent le pneumaticien et la compagnie du groupe Air France-KLM dans un communiqué.

Michelin équipera les appareils court, moyen et long-courrier (hors Boeing 787) d'Air France "avec des pneus neufs ou rechapés notamment produits dans l'usine française de Saint Doulchard à Bourges", précisent les partenaires, sans révéler le montant du contrat.

Il faut savoir que les pneus d'avions sont des objets de très hautes technologies et peu d'acteurs sur la planète sont capables d'en produire. En fait, trois acteur se partagent ce marché stratégique évalué à 1,5 million d'unités par an: Michelin qui revendique la place de leader mondial, le japonais Bridgestone et l'américain Goodyear qui a été le premier à développer un pneu pour les avions en 1909.

Jusqu'à 10 heures pour fabriquer un pneu d'avion

Ils doivent ainsi pouvoir supporter les 10 à 30 tonnes d'un aéronef lancé à près de 400 km/h lors du décollage, rester intact à -55 degrés Celsius jusqu'à 10 heures de vol, pour être ensuite chauffés à plus de 200°C lors de l'atterrissage.

Leur fabrication est donc extrêmement complexe et souvent très manuelle. Ils nécessitent pas moins de 80 matériaux différents dont une bande de caoutchouc étanche à l’air, plusieurs nappes de câbles textiles enrobés de caoutchouc qui vont former l’armature du pneu.

Deux technologies sont utilisées: les pneus Bias et les pneus Radial inventés par Michelin qui offrent plus d'atterissages (600) que son concurrent. C'est en effet le nombre d'atterrissages qui définit la qualité (et le prix) d'un pneu d'avion car 60% de l'usure du pneu se fait à ce moment.

De l'avion de chasse au gros porteur

Il faut dix heures pour fabriquer un pneu de gros-porteur et chaque modèle est unique, fabriqué spécialement pour un type d’appareil. Michelin a d'ailleurs l'expertise pour couvrir tout le marché: des avions d'affaires Dassault Falcon 7X, aux Airbus A 320 en passant par les gros porteurs et les avions de chasse.

Pour Michelin, cette spécialisation a longtemps été très lucrative (jusqu'à la crise actuelle qui terrasse le secteur aérien). Ses pneus peuvent coûter jusqu'à 4.000 euros au prix catalogue mais le groupe ne précise pas le chiffre d'affaires de cette activité englobé dans sa branche "Spécialités" (mines, avions, construction, agriculture).

Mais le groupe de Clermont-Ferrand indique dans son rapport semestriel 2020 que l’activité Avion représente moins de 10% des Activités de spécialités dont le chiffre d'affaires était de 2,5 milliards d'euros au 1er semestre 2020.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business