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Economie

La prestation d'Elon Musk lors d'une conférence fait chuter l'action de Tesla

Le titre Tesla a été sanctionné après une présentation décevante d'Elon Musk qui s'est contenter de livrer aux investisseurs sa vision pour l’avenir de l’entreprise sans réelle annonce concrète.

Un ratage total sur le fond et sur la forme. Sur le fond d’abord. Une déception à la hauteur des attentes puisqu’il s’agissait du troisième "master plan", le plan directeur qui devait donner le cap de Tesla pour les années qui viennent.

On s’attendait à des annonces produits, de nouveaux types de véhicules de la part d'Elon Musk. Rien de tout cela. Pendant trois heures, ça a été un "gloubliboulga" de thématiques diverses et variées sans aucune réelle annonce spécifique structurante pour l’avenir de l’entreprise.  

Elon Musk donne un cap très lointain, celui d’une planète qui se passerait complétement d’énergies fossiles grâce à l’électrification des voitures, mais aussi des avions et des bateaux.

"La Terre peut passer à une économie basée sur l'énergie durable et le fera de notre vivant", a lancé l'entrepreneur, habitué des grandes déclarations.

20 millions de véhicules en 2030

Sans plus de précisions. Il y a bien eu des ébauches d’annonces, par exemple pour nous parler d’un véhicule Tesla de nouvelle génération dont le coût de fabrication serait 50% inférieur à aujourd’hui. Lors d'une séance de questions-réponses, Elon Musk n'a pas souhaité donner plus de précisions, assurant que l'entreprise organiserait un évenément spécial de présentation le moment venu.

Un chiffre quand même : 20 millions de voitures par an produites à l’horizon 2030, soit 15 fois plus qu’aujourd’hui. C'est l'objectif très ambitieux de Tesla qui va nécessiter la construction d’une nouvelle gigafactory, au Mexique.  

"Beaucoup d'aspirations, peu de détails", a résumé dans un tweet Gary Black, de la société d'investissement The Future Fund. Les responsables de Tesla "ont beaucoup parlé de production et d'ingénierie" mais n'ont pas "évoqué la demande" ni expliqué "comment passer de 1,8 million de livraisons cette année à 20 millions en 2030", a-t-il ajouté.

Pour Dan Ives, du cabinet Wedbush, les investisseurs sont aussi probablement "déçus" que Tesla n'ait pas "dévoilé un véhicule à moins de 30.000 dollars". "Mais tout se met en place à cet effet", a-t-il estimé.

Au-delà du manque d’annonces spécifiques et de vision, ce qui a frappé c’est la prestation d’Elon Musk lui-même. Hésitant, l’air fatigué, lui qui est habituellement un super VRP qui fait le show et se met en scène pendant ses keynotes.

Le timing n’est pas idéal. A un moment où beaucoup s’interrogent sur sa capacité à mener de front Tesla, Space X et surtout Twitter, qui semble mobiliser toute son attention depuis des mois. Alors que c’est bien Tesla la vache à lait qui finance tout l'empire Musk.

Tesla qui est par ailleurs de plus en plus concurrencé. Des groupes chinois comme BYD montent rapidement en puissance, tandis que de nombreux constructeurs traditionnels comme General Motors, Volkswagen ou Stellantis lancent leurs versions électriques.

Les investisseurs ont accueilli fraîchement les présentations, l'action reculant de plus de 5% dans les échanges électroniques suivant la clôture de la séance officielle à Wall Street.

Après un gros passage en vide en 2022, le titre du constructeur s'affichait pourtant en hausse d'environ 65% depuis le début de l'année, dopé par la baisse des prix de ses voitures pour attirer des clients et de nouvelles règles sur les subventions accordées par le gouvernement américain. Ce qui avait permi au patron de Tesla de redevenir la première fortune de la planète. Titre symbolique qu'il a nouveau perdu ce mercredi.

Avec Anthony Morel et AFP