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La biotech Numi lève 3 millions d'euros pour produire du lait maternel "in vitro"

La start-up Numi veut développer son projet de lait maternel "in vitro", c'est-à-dire issu de cellules mammaires cultivées en laboratoire.

Du lait maternel… qui n'en est pas. La biotech française Numi a annoncé ce mercredi avoir réalisé une première levée de fonds de 3 millions d'euros, qui lui permettra de développer son projet de lait maternel "in vitro", c'est-à-dire issu de cellules mammaires cultivées en laboratoire. "C'est une alternative" au lait infantile, substitut fabriqué à partir de lait de vache, pour toutes les femmes "qui ne peuvent pas allaiter" ou ne souhaitent pas le faire, explique la présidente et co-fondatrice de Numi, Eden Banon-Lagrange, sur le plateau de BFM Business.

"Grâce à la culture cellulaire, on peut se rapprocher le plus possible des bienfaits du lait maternel naturel", plaide Eden Banon-Lagrange.

Pour produire ce "lait maternel in vitro", Numi isole des cellules mammaires humaines, avant de les mettre en culture dans un environnement nourricier pour qu'elles se multiplient. Ensuite, "on stimule la lactation en laboratoire et on récupère le lait qui est produit" par les cellules mammaires cultivées, "en ayant pour objectif qu'il se rapproche le plus possible de la complexité du lait maternel", qui possède "plus de 1500 constituants", précise Eden Banon-Lagrange. La start-up compte s'appuyer sur la levée de fonds pour recruter des scientifiques et accélérer sa phase de recherche.

Eden Banon-Lagrange, cofondatrice et présidente de Numi - 08/11
Eden Banon-Lagrange, cofondatrice et présidente de Numi - 08/11
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Concurrence mondiale

Car la biotech, pour l'heure, n'est encore qu'à la première phase de son développement. "On a réalisé une preuve de concept avec des résultats très enthousiasmants", avance la présidente de Numi. Les sommes levées devront lui permettre d'optimiser sa technologie, et surtout de pousser un passage à l'échelle supérieure en s'assurant de la viabilité d'une mise sur le marché du lait maternel in vitro. Car les concurrents sont déjà nombreux, même du côté des géants de l'agro-industrie. Danone a notamment investi dans la start-up israélienne Wilk, qui a pris de l'avance.

L'intensification de la concurrence est "plutôt un bon signal", car "cela veut dire qu'il y a un marché", affirme Eden Banon-Lagrange.

Si la start-up est française, c'est pourtant le marché américain qui est le premier visé, étant le plus favorable à l'offre de lait maternel cultivé en laboratoire. Les États-Unis "ont pris de l'avance sur la définition d'un cadre réglementaire", explique la dirigeante, mais "on espère vivement que l'Europe va suivre". Santé Publique France recommande l'allaitement maternel des nourrissons jusqu'à l'âge de six mois. Selon la dernière enquête périnatale menée par l'agence nationale, 34,4% des femmes allaitent leurs enfants au-delà de l'âge de deux mois.

Jérémy Bruno Journaliste BFMTV