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La BCE ne bouge pas ses taux et se dit moins pessimiste sur la récession

La BCE demande aux banques de ne pas verser de dividendes jusqu'en 2021

La BCE demande aux banques de ne pas verser de dividendes jusqu'en 2021 - Daniel ROLAND

La Banque centrale européenne laisse néanmoins planer le doute sur ses futures mesures de soutien et surveille la flambée de l'euro face au dollar.

La Banque centrale européenne (BCE) a laissé jeudi inchangée sa politique monétaire anti-crise, mais les attentes sont fortes sur ses intentions pour la suite face à la pandémie persistante de Covid-19 et l'emballement de l'euro ces derniers mois.

Son principal taux d'intérêt a été maintenu à zéro, tandis que les banques se verront appliquer toujours un prélèvement de 0,50% sur une fraction des dépôts qu'elles confient à la banque centrale au lieu de les prêter à leurs clients.

Concernant la reprise de l'activité, la banque centrale s'est dite moins pessimiste sur l'ampleur de la récession en zone euro en 2020 mais a abaissé légèrement ses prévisions de croissance pour 2021 et 2022, a annoncé jeudi la présidente de l'institution Christine Lagarde.

Une contraction du PIB attendue à -8%

Les économistes de la BCE s'attendent désormais à une contraction de 8% du PIB de la zone monétaire en 2020, contre -8,7% attendu précédemment, ainsi qu'à un rebond de +5,0% et +3,2% en 2021 et 2022 contre, respectivement, 5,2% et 3,3% annoncés lors de la publication des dernières prévisions en juin.

La force de la reprise reste soumise à de grandes incertitudes car très dépendante de l'évolution future de la pandémie et le succès des politiques" mises en place pour combattre celle-ci, a expliqué Christine Lagarde lors d'une conférence de presse en ligne.

En général, "les données laissent attendre un fort rebond du PIB au troisième trimestre" après une contraction sans précédent pour la période d'avril à juin.

Pour autant, "le regain des infections lors des mois d'été constitue un vent contraire", a-t-elle ajouté.

L'inflation en zone euro végète à un niveau très inférieur de celui proche de 2% visé par la BCE, passant même en territoire négatif en août (-0,2%) où des facteurs temporaires ont joué, comme la baisse de la TVA en Allemagne pour soutenir la consommation et les soldes d'été.

+10% pour l'euro depuis mai

Or la bonne santé de l'euro pèse sur cette tendance désinflationniste, en faisant baisser les prix d'achats à l'importation. Cela pourrait pénaliser à terme la reprise économique européenne en ralentissant les salaires et la consommation.

La hausse de l'euro, qui a pris 10% face au dollar depuis mai, a été "largement débattue" lors de la réunion du conseil des gouverneurs de l'institution, a déclaré Mme Lagarde. Le mandat de la banque est de "maintenir la stabilité des prix" et "l'appréciation de l'euro est quelque chose à surveiller attentivement", a-t-elle ajouté sans donner plus de détails.

La question est de savoir si la BCE a encore des marges de manoeuvre pour soutenir les économies européennes.

Elle a déjà dégainé un programme d'urgence de 1.350 milliards d'euros à travers le rachat de dette publique et privée sur le marché.

Mais la pandémie continue à se propager, y compris en Europe qui croyait avoir passé le pire. Sans que les économies soient mises sous cloche comme au printemps, les restrictions imposées sur les déplacements et les rassemblements ont des conséquences sur l'activité.

La BCE n'est pour autant pas pressée d'agir à nouveau car "les premiers signes de divergence sont apparus parmi les membres du directoire", suggérant qu'"il faudra plus de temps pour discuter d'une prochaine action", fait remarquer Frederik Ducrozet, chez Pictet Wealth Management.

L'institution s'est contentée jeudi de répéter qu'elle est "prête à utiliser tous ses instruments (...) de manière appropriée" pour booster l'activité.

OC avec AFP