La baisse de l'inflation en août est-elle durable?

Le pic attendu cet été a été franchi. Après avoir atteint plus de 6% le mois dernier, l'inflation est repassée sous ce niveau en août. Une décrue imputable au recul des prix des produits pétroliers. De quoi laisser planer le doute sur sa durabilité.

Selon l’Insee, l’inflation a reculé au mois d’août. Une première depuis plus d’un an. Attention, cela ne signifie pas que les prix ont baissé entre juillet et août. L’Insee constate au contraire une augmentation, sur un mois, de 0,4%. En revanche, par rapport aux prix de l’année dernière, la hausse n’est plus, comme le mois dernier, de 6,1% mais de 5,8%.

De ce point de vue, on peut dire que le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, et le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran avaient vu juste lorsqu’ils affirmaient ces derniers jours que nous étions au pic de l’inflation. Mais une question demeure: comment va évoluer la courbe dans les prochains mois? Est-on arrivé sur le plateau du Larzarc, le ballon d’Alsace ou le massif des Ecrins? Et si on se situe sur le massif des Ecrins, quel nouveau pic nous attend et quand en sortira-t-on définitivement?

A suivre de près: le cours du baril de pétrole et le taux de change euro/dollar

Car, en réalité, on ignore si cette baisse de l’inflation en août sera durable. Car ce ralentissement de l’inflation est liée au recul des prix de l’énergie. Recul qui, de surcroît, ne concerne que les prix des produits pétroliers (carburants, fioul domestique). Tout va donc dépendre dans les mois qui viennent à la fois de l’évolution des cours du baril de Brent et du taux de change euro/dollar, puisque, le pétrole se paie en billets verts.

Autre question en suspens: quel sera l’impact de la fin annoncé des aides généralisées de l’Etat aux ménages pour réduire l’impact de l’envolée des prix de l’énergie (bouclier tarifaire sur le gaz et l’électricité, ristourne sur le carburant)? Il faut par ailleurs souligner que les entreprises ont subi plus amplement les conséquences du renchérissement de l’énergie, n’ayant, elles, pas bénéficié du large parapluie de l’Etat.

Leurs coûts de production ayant augmenté de façon très substantielle, elles ont progressivement revu à la hausse leurs prix de vente. Voilà pourquoi l'inflation qui touche les produits alimentaires s’est amplifié en août (+7,7% sur un an). Il en va de même pour les produits manufacturés qui affichent des prix supérieurs de 3,5% à ceux d’août 2021, contre à 2,7% en juillet.

Pas de recul ni en Italie, ni en Allemagne

Cette baisse de l’inflation en août reste néanmoins une bonne nouvelle. D’autant que le recul est loin d’être général en Europe. La hausse moyenne des prix sur un an dans la zone euro a même franchi ce mois-ci un niveau jamais vu depuis la création de la monnaie unique (+9,1%).

Et si l’inflation baisse en Espagne, en Allemagne, elle repart assez nettement. Quant à l'Italie, elle a battu un nouveau record ce mois-ci, avec un niveau de hausse des prix (+9%) jamais vu depuis... 1985.

https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco