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L'UE réclame à AstraZeneca de lui livrer des vaccins produits au Royaume-Uni

Les bureaux de la société pharmaceutique AstraZeneca PLC à Macclesfield (Royaume-Uni), le 21 juillet 2020

Les bureaux de la société pharmaceutique AstraZeneca PLC à Macclesfield (Royaume-Uni), le 21 juillet 2020 - Paul ELLIS © 2019 AFP

Alors que les usines européennes accusent des retards dans le production du vaccin, l'UE réclame qu'AstraZeneca récupère une partie de son stock britannique pour limiter la baisse du nombre de livraisons.

L'UE réclame au laboratoire britannique AstraZeneca de lui livrer comme convenu des vaccins anti-Covid-19 produits dans deux usines situées au Royaume-Uni, alors que le groupe prévoit désormais de ne livrer au premier trimestre qu'"un quart" des doses promises, selon une responsable de l'UE.

"Il est inacceptable de voir le calendrier de livraisons se réduire à une fraction", à "un quart de ce qui était censé nous être livré" au premier trimestre, a indiqué cette responsable. Le contrat signé prévoit qu'AstraZeneca mobiliserait quatre usines, dont deux au Royaume-Uni, pour produire les doses destinées à l'UE, ce que Bruxelles lui demande de faire, rappelle-t-on de source européenne, à l'encontre des affirmations du patron du laboratoire assurant réserver à Londres la production de ses sites britanniques.

Le laboratoire britannico-suédois qui devait livrer 80 millions de doses de vaccins aux pays de l'UE entre février et mars a revu la semaine dernière ce nombre à la baisse. Ce sera finalement 30 millions sur la période. Les sous-traitants européens en charge de la production accuseraient des retards dans la culture cellulaire, la substance active du vaccin.

"Laissez-moi être claire: il n'y a pas de hiérarchie de ces usines dans le contrat, aucune différenciation entre les sites au Royaume-Uni et dans l'UE", a insisté Stella Kyriakides au cours d'une conférence de presse. "Les usines britanniques font partie du contrat de précommandes et c'est pourquoi elles doivent fournir" les doses qui sont attendues d'elles, a-t-elle martelé.

Bruxelles conteste les explications du PDG d'AstraZeneca, Pascal Soriot, selon lequel la production des usines au Royaume-Uni est réservée aux Britanniques en vertu de l'accord conclu avec Londres, trois mois avant le contrat signé avec l'UE.

"Rappelons les choses pour lever tout doute: il n'a jamais été questions que ces deux usines (britanniques) soient au second plan ou en back-up" pour la production de vaccins destinées à l'UE, a confirmé une responsable bruxelloise.

L'UE a alloué 336 millions d'euros à AstraZeneca

Selon cette source, "il est inacceptable de voir le calendrier de livraisons se réduire à une fraction", à "un quart de ce qui était censé nous être livré" au premier trimestre, alors que l'UE a contribué à "financer le risque manufacturier" pour développer le vaccin et accroître les moyens de production.

La Commission européenne a alloué quelque 336 millions d'euros à AstraZeneca à cette fin, mais qui n'ont pas encore été entièrement versés, a-t-elle indiqué.

Avant un feu vert réglementaire de l'UE pour ce vaccin attendu vendredi, AstraZeneca a annoncé la semaine dernière que les livraisons seraient moins importantes que prévu au premier trimestre en raison d'une "baisse de rendement" sur un site de fabrication européen.

Le groupe a été convoqué à deux reprises lundi pour s'expliquer devant les Etats membres et la Commission européenne, qui négocie au nom des Vingt-Sept. Ses justifications ont été jugées "insatisfaisantes" et une autre rencontre est prévue mercredi soir.

"Nous n'avons pas été informés du véritable problème", et comme les autres usines du groupe, censées pouvoir produire également les doses destinées à l'UE, ne sont pas affectées, "leurs explications manquent de consistance", observe la responsable européenne. "Le souci, c'est que nous n'avons aucun visibilité".

L'UE appelle AstraZeneca à donner son autorisation pour rendre public le contrat signé, selon un porte-parole de la Commission. D'autant que "certains clauses sont désormais déjà discutées dans la sphère publique" après avoir été dévoilées par le patron du laboratoire,observe un responsable européen.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi avec AFP Journaliste BFM Éco