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Les Français retrouvent le chemin des restos (surtout celui des fast food)

Des clients attablés à une terrasse à Paris, le 2 juin 2020, jour de la réouverture partielle des bars et restaurants

Des clients attablés à une terrasse à Paris, le 2 juin 2020, jour de la réouverture partielle des bars et restaurants - BERTRAND GUAY © 2019 AFP

Si l'activité de la restauration s'est nettement redressée en juin par rapport à la période de confinement, la reprise demeure timide et profite surtout au segment de la restauration rapide.

Les professionnels de la restauration (commerciale et sociale) commencent à sortir la tête de l’eau. Après avoir connu une chute de chiffre d’affaires estimée à 78% fin avril et 61% en mai, le secteur, jusqu’alors cantonné à la vente à emporter et à la livraison, a été autorisé à rouvrir ses établissements à la faveur de la phase 2 du déconfinement.

Cette réouverture a conduit 76% des Français qui se rendaient plus d’une fois par mois au restaurant avant la crise à retrouver le chemin de leurs établissements favoris en juin. Avec à la clé une progression de l'activité impressionnante: +35 points de chiffre d'affaires récupérés entre avril et juin, selon le baromètre de Food Service Vision dévoilé ce mercredi.

Une performance rare qui reste à nuancer. Car si la reprise est forte, et même plus forte que prévu, elle n’est pas encore suffisamment puissante pour retrouver le niveau d’avant crise. Malgré ce rebond de juin, le chiffre d'affaires sur le mois reste inférieur de 43% (-3,5 milliards d'euros) à celui observé à la même période l'an passé. Au total, le secteur a laissé filer 40% de son chiffre d’affaires sur l’ensemble du premier semestre, soit une perte de 17,5 milliards d’euros.

Forte hétérogénéité géographique

L’autre raison qui appelle à la prudence sur l’ampleur du redressement tient à son hétérogénéité. Sur le plan géographique d’abord puisque la façade atlantique profite bien plus que les autres régions de la reprise (entre +10 et +20% par rapport à la moyenne).

"C’est très segmenté. Il y a des zones -les centres-villes, les quartiers résidentiels- dans lesquelles la dynamique de demande est déjà revenue quasiment à la normale voire au-dessus de celle de l’an dernier", souligne François Blouin, président de Food Service Vision.

A l’inverse, Paris et le Grand Est enregistrent des performances inférieures (environ -10 et -20% par rapport à la moyenne). "Il manque deux flux de clientèles à Paris: les travailleurs, en raison du télétravail, et les touristes", explique encore François Blouin. Notons en outre que la réouverture totale des restaurants parisiens n’a été autorisée que le 14 juin, soit deux semaines après les autres. Ce qui terni forcément le bilan.

La restauration rapide au coeur de la dynamique

Au point mort en avril (-91%), le chiffre d’affaires de la restauration commerciale a rebondi en juin mais reste inférieur de 48% à celui de la même période l’an passé. Surtout, le rythme de la reprise n’est pas le même d’un segment à l’autre. La restauration rapide (snack, fast-food...) porte l’essentiel de la dynamique avec une perte de chiffre d’affaires en juin limitée à 18% par rapport à 2019, contre -42% pour la restauration à table malgré un taux de réouverture de 83%, et -82% pour la restauration de transport et d’hôtels.

"La restauration rapide est celle qui a le moins fermé. Elle est restée ouverte en proposant la livraison, la vente à emporter, le Click & Collect... ", analyse François Bouin. Sans doute la restauration rapide est-elle aussi plus rassurante sur le plan sanitaire. Enfin, c’est le segment qui répond actuellement le mieux aux besoins des salariés qui ont repris le travail sur site mais dont le restaurant d’entreprise est toujours fermé.

Bilan en demi-teinte pour la restauration collective

Sur le secteur de la restauration collective justement, les restaurants d’entreprise ont été très durement frappés par la crise avec une perte de chiffre d’affaires de 80% en juin. Une chute qui s’explique par le faible taux de réouverture en raison du télétravail qui s’est poursuivi en juin pour bon nombre de salariés.

Même constat dans les écoles et collèges dont la réouverture n'a pas vraiment bénéficié aux cantines (-81%). A l’inverse, la restauration sociale et la restauration de santé ont peu souffert de la crise avec un recul du chiffres d’affaires de l’ordre de 5%.

Incertitudes

Si le secteur de la restauration a enregistré une nette reprise de son activité en juin, "l’ensemble de l’industrie a besoin de retrouver encore plus de couleurs", note François Blouin. La poursuite de la dynamique dépendra de plusieurs facteurs. A commencer par la décision des ménages français de réinjecter ou non dans l’économie au moins une partie des 75 milliards d’euros d’épargne forcée accumulée pendant le confinement.

Le retour rapide au niveau d’avant crise sera aussi directement lié à la vitesse de réouverture des restaurants d’entreprise et donc à la baisse du nombre de salariés en télétravail. Enfin, les professionnels du secteur comptent sur un retour rapide des touristes. Mais à court terme, il faudra surtout miser sur la clientèle française dont la majorité passera ses vacances dans l’Hexagone. "On estime que ça compensera environ un tiers de ce qui n’est pas consommé par les étrangers", précise François Blouin.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco