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Semi-conducteurs: pour Pékin, les restrictions japonaises vont pousser la Chine "à devenir autonome"

Le Japon a récemment annoncé des restrictions à l'exportation d'équipements de fabrication de semi-conducteurs.

Les restrictions annoncées par Tokyo à l'exportation d'équipements de fabrication de semi-conducteurs ne vont que "stimuler davantage" la Chine pour "devenir autonome", a déclaré dimanche le ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang à son homologue japonais, en visite en Chine. "Le blocage ne fera que stimuler davantage la détermination de la Chine à devenir autonome", a affirmé Qin Gang, en qualifiant le Japon de "laquais" de Washington, selon un compte-rendu de la rencontre ministérielle.

S'adressant à des journalistes, le chef de la diplomatie nippone, Yoshimasa Hayashi, a défendu de son côté les restrictions, les considérant "conformes aux règles internationales" et assurant qu'elles "ne visaient pas un pays en particulier". Cette visite de Yoshimasa Hayashi est la première en Chine d'un ministre japonais des Affaires étrangères depuis décembre 2019. Elle intervient après plus de trois années de relations bilatérales fortement détériorées.

La rencontre des deux ministres dimanche à Pékin s'est tenue seulement deux jours après que le Japon a annoncé son intention de restreindre l'exportation d'équipements de fabrication de semi-conducteurs. Avec cette annonce vendredi, similaire à des décisions précédentes des Etats-Unis et des Pays-Bas, Tokyo s'est aussitôt attiré les foudres de la Chine, visée sans être directement nommée.

"Anciennes ruses contre la Chine"

Ces restrictions à l'export sont destinées à "prévenir le détournement de la technologie à des fins militaires", avait expliqué vendredi le ministre japonais de l'Economie, Yasutoshi Nishimura, assurant qu'aucun pays n'était ciblé en particulier. "Les États-Unis ont utilisé des tactiques d'intimidation pour réprimer brutalement l'industrie japonaise des semi-conducteurs, et maintenant ils reprennent leurs anciennes ruses contre la Chine", a déclaré le ministre chinois des Affaires étrangères à son homologue nippon, selon le compte-rendu de la réunion.

Les semi-conducteurs sont devenus un important point de friction dans les relations difficiles entre la Chine et le Japon, respectivement deuxième et troisième puissances économiques mondiales. Les deux ministres ont également évoqué le cas d'un Japonais détenu en Chine. Soupçonné d'espionnage, il travaillait en Chine pour le groupe pharmaceutique nippon Astellas. Yoshimasa Hayashi a indiqué à la presse, à l'issue de la réunion, que le Japon avait "protesté" contre cette détention et a appelé à "la libération immédiate" de ce ressortissant japonais.

La Chine traitera ce dossier "conformément à la loi", a commenté Qin Gang.

J. Br. avec AFP