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Royaume-Uni: les banques diminuent les taux des crédits immobiliers

Face à une inflation qui commence à marquer le pas et un marché immobilier qui tourne au ralenti, les principaux établissements de crédit britanniques ont opéré des baisses du taux de leurs prêts immobiliers.

Les banques n'ont pas attendu le signal de l'institution centrale pour agir. Jeudi, la Banque d'Angleterre a relevé ses taux de 0,25 point de pourcentage, à un sommet depuis début 2008 à 5,25%, pour lutter contre une inflation qu'elle prévoit plus persistante, malgré son recul sur les derniers mois. Mais quelques jours auparavant, les banques commerciales du pays avaient déjà anticipé un ralentissement de la hausse du taux directeur alors que seulement deux des neuf membres du Comité de politique monétaire (MPC) souhaitaient remonter les taux d'un demi-point de pourcentage.

Dans la foulée de la publication des derniers chiffres de l'Office nationale des statistiques faisant état d'une inflation qui a fortement ralenti à 7,9% en juin (contre 8,7% en mai), plusieurs grands établissements prêteurs ont diminué les taux qu'ils pratiquaient sur les crédits immobiliers. "Ce qui a ouvert la porte à ces améliorations, ce sont les chiffres de l'inflation meilleurs que prévu", confirme auprès du Financial Times David Hollingworth, directeur du courtier L&C Mortgages.

En quête de compétitivité

HSBC, sixième prêteur du Royaume-Uni, a été le premier établissement à dégainer il y a maintenant dix jours avec une baisse des taux sur une centaine de ses offres pouvant atteindre 0,35 point de pourcentage. La banque a été rapidement immitée par Nationwide, second plus grand prêteur du pays, qui a annoncé une réduction de ses prêts à taux fixe de l'ordre de 0,35 point de pourcentage. De son côté, Barclays s'est montré plus modéré en annonçant une réduction de 0,15 point de pourcentage contrairement à TSB qui s'est montré plus ambitieux avec une baisse supérieure à un demi-point de pourcentage (0,55 exactement) des taux sur ses produits fixes à deux ans.

Pour les analystes, cette guerre des prix est la conséquence de l'effondrement du marché immobilier lié à la hausse des taux d'intérêt pratiqués par les banques depuis de longs mois, au rythme des hausses du taux directeur de la Banque d'Angleterre. "Ils sont tous à la recherche d'une demande plus limitée, ce qui les incitera à être compétitifs avec les taux qu'ils offrent, explique au quotidien britannique Aneisha Beveridge, responsable de la recherche chez Hamptons International. Bien entendu, les prêteurs proposeront les meilleures offres possibles." Lloyds et Barclays eux-mêmes ont reconnu la semaine dernière que la concurrence réduisait les marges sur les prêts immobiliers.

Un retour des taux autour de 4-5% exclu

Si la situation anglaise est similaire à celle observée en France, les taux moyens sont bien plus élevés outre-Manche puisqu'ils approchent du seuil des 7%, ce qui a été vivement critiqué par plusieurs députés lesquels déplorent une hausse plus rapide des taux des crédits immobiliers que du rendement des produits d'épargne. En juin, le chancelier de l'Echiquier Jeremy Hunt, l'équivalent du ministre des Finances, a sommé les principaux établissements britanniques de signer une "charte hypothécaire" dans laquelle figurent plusieurs engagement comme celui d'un délai minimal d'un an avant de saisir les maisons des emprunteurs en cas de retards de paiement.

S'il anticipe une poursuite de la baisse des taux d'intérêt pratiqués sur les prêts immobiliers dans les prochaines semaines, David Hollingworth indique au Financial Times qu'un retour "à la normale" est loin d'être envisageable à terme. "Je ne pense pas qu'une augmentation [du taux de base] arrêtera la tendance que nous observons [...] Mais ces réductions ne signifient pas non plus que les prix des prêts hypothécaires vont retomber à 5 %, et encore moins à 4 % comme c'était le cas au début de l'année."

Timothée Talbi