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Royaume-Uni: le gouvernement cherche des baisses d'impôts pour un budget serré avant les élections

L'hypothèse priviligiée est la suppression du statut fiscal avantageux des résidents étrangers, une mesure jusque-là défendue par le parti travailliste.

Des mesures électoralistes. Le gouvernement britannique conservateur tente de trouver des baisses d'impôts à annoncer lors de la présentation budgétaire de mercredi pour rattraper son retard dans les sondages en vue des prochaines élections, mais l'économie en récession lui laisse peu d'options.

La presse britannique assure qu'une baisse des contributions sociales (National Insurance) d'un ou deux points de pourcentage est sur la table et pour l'instant préférée à une baisse du taux d'impôt sur le revenu, mais le ministre des Finances Jeremy Hunt a préféré ce week-end tempérer les attentes. "Il s'agira d'un budget prudent et responsable pour une croissance à long terme", a déclaré le chancelier de l'Echiquier - autre titre du ministre des Finances - sur Sky News.

"Revenir à une économie moins taxée"

Pour autant "je pense que les pays où les impôts sont moins élevés ont tendance à se développer plus rapidement. Je pense donc qu'à long terme, nous devrons revenir à une économie moins taxée", a-t-il ajouté.

"Mais il serait très peu conservateur de réduire les impôts en augmentant les emprunts", d'une manière qui ne serait "pas entièrement financée", a poursuivi Jeremy Hunt.

Le ministre garde à l'esprit qu'il a été nommé dans l'urgence pour éteindre l'incendie sur les marchés déclenché par l'éphémère première ministre ultra-conservatrice Liz Truss et son chancelier Kwasi Kwarteng, qui avaient dévoilé en septembre 2022 un budget massif et non financé.

Les finances publiques britanniques ont enregistré en janvier un excédent de 16,7 milliards de livres (19,5 milliards d'euros), un record, mais moins élevé que ce qui était attendu, ce qui complique l'équation du gouvernement. D'autant que le paysage économique reste couvert. Le Royaume-Uni est entré en récession l'an dernier, tandis que l'inflation se situe à 4%, encore le double de l'objectif de la Banque d'Angleterre (BoE), même si elle a fortement diminué comparé à son pic de 11% fin 2022.

Mesure "volée" à l'opposition

La dette du secteur public reste élevée: fin janvier, elle atteignait 2.646,5 milliards de livres, soit 96,5% du Produit intérieur brut (PIB), au plus haut depuis les années 1960. Le budget de mercredi comprendra un ensemble de réformes visant à développer des technologies afin d'améliorer la productivité du système de santé public NHS et de réduire les tâches administratives de la police. Ces mesures coûteront 800 millions de livres sterling (933 millions d'euros).

Jeremy Hunt a par ailleurs annoncé lundi 360 millions de livres sterling (419 millions d'euros) destinés à des projets de recherche et développement dans les secteurs des sciences de la vie, de l'automobile et de l'aérospatiale, notamment dans la technologie des avions sans émission de carbone.

Pour financer de maigres baisses d'impôts, la presse britannique affirme que Downing Street se résoudrait à une mesure "volée" à l'opposition travailliste: supprimer le statut fiscal avantageux des résidents étrangers, dont a longtemps bénéficié la femme du Premier ministre Rishi Sunak. Pour réduire la pression fiscale, il faudra "faire preuve de responsabilité", a dit le chancelier sur la BBC, faisant craindre des coupes dans les services publics déjà sous tension.

Pas beaucoup à perdre

Le système de santé britannique public gratuit, fierté nationale, est ainsi déjà sous forte pression avec des listes d'attentes interminables et des pénuries de personnels. Les annonces de mercredi suffiront-elles à remonter la pente électorale, sachant que les Conservateurs sont loin derrière les Travaillistes dans les sondages? Difficile d'imaginer que des baisses d'impôts puissent faire du mal électoralement aux Tories, mais tout aussi difficile de penser qu'ils feront le bien espéré au gouvernement", estime Tim Bale, professeur de sciences politiques à l'université Queen Mary de Londres.

Mais quoi que le gouvernement conservateur annonce, "il est peu probable que cela compense les revenus perdus par les gens lorsqu'il a gelé (après la pandémie, ndlr) les seuils des tranches d'imposition", ce qui, en pleine poussée d'inflation, a fait automatiquement basculer d'innombrables britanniques dans les tranches supérieures, ajoute-t-il, interrogé par l'AFP.

"Et si des baisses d'impôts sont faites sur le dos de services publics qui s'effondrent, c'est aussi un problème", selon Tim Bale. Il estime toutefois que les Tories n'ont pas beaucoup à perdre à marcher sur les plates-bandes des travaillistes en proposant de supprimer le statut des "non domiciliated" (résidents étrangers) car "la plupart des riches donateurs des conservateurs sont bien plus inquiets d'un gouvernement labour".

T.L avec AFP