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Richesse, impôts, faibles inégalités: les pays champions du bonheur ont-ils une recette magique?

Vivre dans une grande puissance économique ne garantit pas le bonheur. Le classement des pays les plus heureux est dominé par des Etats prospères, peu peuplés et soucieux du financement de leur protection sociale.

Il n’y a pas plus heureux qu’eux. Depuis des années, les Finlandais dominent le classement annuel publié par le très sérieux World Happiness Report. La Finlande aurait-elle découvert la recette du bonheur? Une certitude s’impose quand on regarde en détail le classement: il y a des traits communs parmi les pays les mieux classés.

Le premier, c’est le nombre des personnes qui y résident. Dans le top 10, un seul pays affiche une population supérieure à 20 millions d’habitants: l’Australie. Alors que l’Islande, qui devrait passer le cap des 400.000 habitants cette année, et le Luxembourg, qui reste sous le million, se classent respectivement au troisième et huitième rang. Quant au vice-champion du bonheur, le Danemark, il fait presque jeu égal avec la Finlande: 5,8 contre 5,6 millions d’habitants.

Parmi les grandes puissances, seul le Canada figure dans le top 20 du bonheur

Deuxième constat, vivre dans une grande puissance économique ne garantit pas le bonheur, loin s’en faut. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder où se situent les dix pays dont le PIB dépasse les 2000 milliards de dollars. Le mieux classé, le Canada, n’arrive qu’au quinzième rang. Et les Etats-Unis (23e) et l’Allemagne (24e) se situent un peu dessus de la France qui, cette année se contente de la 27e place. Sachant que les Français restent bien plus heureux que les Japonais (51e), les Chinois (60e) et les Indiens (126e).

Le troisième constat vient en revanche donner raison à ce proverbe français souvent cité: "l'argent ne fait pas le bonheur mais il y contribue". Dans le classement du bonheur, les pays dont le PIB par habitant est le plus élevé s’offrent en effet des places de choix. A commencer par les trois premiers d’entre eux : Norvège (7e), Luxembourg (8e) et Suisse (9e).

La Finlande fait aussi partie du top 5 des pays où l'on paie le plus d'impôts

La richesse n’explique néanmoins pas tout. Le niveau de protection sociale garantie aux citoyens, l’accès gratuit aux soins, à l’éducation joue également un rôle majeur. Rôle qu’on peut constater en regardant, cette fois, où se situent dans le classement du bonheur, les pays où l’on paie le plus d’impôts. Puisqu’une protection sociale élevée implique un haut niveau de prélèvements obligatoires.

Or parmi les cinq pays champions en la matière, sont les plus élevés, figure non seulement la Finlande mais aussi la Norvège. En fait, un seul pays fait exception à la règle: la France, champion du monde de la fiscalité. Les Français apparaissent bien moins heureux que les Belges ou les Autrichiens qui figurent eux aussi sur le podium des pays qui ponctionnent le plus leurs entreprises et leurs ménages. Il y a, en quelque sorte, en France, un problème de retour sur investissement.

La réduction des inégalités ne garantit pas le bonheur des citoyens

Cette exception française peut-elle s’expliquer par un niveau d’inégalité souvent jugés comme trop élevé? Là encore la comparaison de deux classements permet de répondre à la question.

Les nations où les inégalités de revenus sont les plus faibles selon l'OCDE (Slovaquie, Slovénie, Tchéquie) ne font pas partie des pays où on est le plus heureux. Ils se classent certes au-dessus de la France dans le classement mais on ne peut pas dire que le fait de vivre dans les pays où les écarts de revenus sont le plus faibles soit suffisant faire le bonheur de ses habitants.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco