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Proche-Orient: 50 milliards pour la paix

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- - THOMAS COEX / AFP

Le volet économique du plan de paix américain pour le Proche-Orient vise 50 milliards de dollars d'investissements sur dix ans.

« It's the economy stupid » disait Bill Clinton quand on lui demandait ce qui faisait vraiment la différence pour les opinions publiques. L'Amérique de Trump va donc tenter de jouer l'arme économique pour sortir de l'affrontement israélo-palestinien

La première phase du plan de paix a été dévoilée ce samedi et sera détaillée mardi et mercredi à Manama. Un plan mis au point par Jared Kushner, gendre et conseiller de Donald Trump.

Ce projet destiné à résoudre le conflit israélo-palestinien promet de booster l'économie palestinienne. Objectif affiché: récolter plus de 50 milliards de dollars et créer un million d'emplois sur dix ans. Cette initiative sera discutée lors d'une conférence mardi et mercredi à Bahreïn. Une réunion qui sera boycottée par les Palestiniens qui estiment que l'administration pro-israélienne du président Donald Trump cherche à les acheter et à enterrer leur objectif d'un Etat indépendant

Le président Abbas a réitéré cette position samedi devant le comité central du Fatah. Dans un communiqué, il a estimé que « la situation économique ne doit pas être discutée avant qu'il y ait une discussion de la situation politique, et tant qu'il n'y a pas de discussion de la situation politique, nous ne parlerons d'aucune situation économique ». Une conseillère de Mahmoud Abbas, Hanane Achraoui, a elle aussi rejeté samedi dans un message sur Twitter les premiers détails du plan de paix, peu de temps après leur publication par la Maison Blanche. « Commencez par lever le siège de Gaza, par arrêter le vol par Israël de notre terre, de nos ressources et de notre argent, donnez-nous la liberté de mouvement et le contrôle sur nos frontières, notre espace aérien, nos eaux territoriales (...) et ensuite regardez-nous construire une économie dynamique et prospère en tant que peuple libre et souverain », avait-elle écrit. 

Priorité aux infrastructures

Alors quels sont les principaux points de ce volet économique? Il prévoit tout d'abord d'importants investissements pour les infrastructures. notamment pour améliorer la production d'électricité, la fourniture d'eau potable et le traitement des eaux usées dans les territoires palestiniens, où les services de bases sont en mauvais état.

Le plan prévoit également 590 millions de dollars de dons et de prêts à faible intérêt pour moderniser la principale centrale électrique dans la Bande de Gaza et créer des dizaines de milliers d'emplois.

Autre objectif: intégrer l'économie palestinienne avec celle de ses voisins, mais pas avec celle d'Israël. Jusqu'à 900 millions de dollars de dons serviront à améliorer les terminaux de marchandises et à construire des routes d'accès spéciales pour réduire les délais et les coûts du commerce transfrontalier.

Le plan préconise aussi la construction de routes modernes et éventuellement une ligne ferroviaire pour relier la Cisjordanie et la Bande de Gaza. Il s'agit là de répondre aux inquiétudes des Palestiniens sur la non connexion de ces deux territoires.

Le volet éducation prévoit quant à lui la création d'une nouvelle université de niveau international, en Cisjordanie ou dans la Bande Gaza. 500 millions de dons seront nécessaires. Trente millions de dollars sont également prévus pour former les femmes avec le but d'augmenter leur place dans la population active de 20 à 35%.

1,5 milliard de dollars de prêts pour le tourisme

Le plan mise également sur le tourisme, avec 1,5 milliard de dollars de prêts à taux d'intérêt réduits et 500 millions de dons. Le but est de développer des sites et promouvoir les Territoires palestiniens, qui abritent certains des lieux les plus saints de la religion chrétienne. Des atouts qui pourraient attirer des dizaines de milliers de touristes supplémentaires chaque année.

Les fonds seront gérés par une banque de développement multilatérale pour éviter la corruption et assurer la transparence. Le plan promeut une économie de marché avec une meilleure protection des droits de propriété et « une législation fiscale favorisant la croissance ». Avec 30 millions de dollars de dons, le plan appelle à la création d'une base de données moderne pour enregistrer les titres de propriété foncière.

Ce projet omet délibérément d'aborder un accord politique entre Israël et les Palestiniens. Mais l'administration de Donald Trump affirme que ce volet sera dévoilé plus tard, éventuellement en novembre après les élections israéliennes et la formation d'un gouvernement.

Les Palestiniens restent eux très frileux vis à vis de Donald Trump, qui a pris ces derniers mois une série de décisions pro-israéliennes dont la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël.

Sandrine Serais