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Ouïghours : les Etats-Unis serrent la vis sur les biotechnologies

L'administation Biden et le Sénat visent dans de nouvelles sanctions la high tech chinoise. Avant d'interdire toute importation venue du Xinjiang.

L'administration Biden poursuit sa politique de sanctions à l'égard de la Chine. Dernier évènement en date: le placement ce jeudi d'une trentaine d'entités sur une liste noire restreignant les exportations sensibles, et l'interdiction aux ressortissants américains de commercer avec huit entreprises high tech, dont le numéro 1 mondial des drones DJI. Ce dernier était déjà sur la liste noire du ministère du Commerce depuis décembre 2020.

La haute technologie serait utilisée pour violer les droits de la population ouïghoure, majoritairement musulmane, dans la région du Xinjiang (nord-ouest). Des groupes de défense des droits humains ont rapporté que la Chine exerçait une surveillance sans précédent sur cette population via notamment des recherches à l'aide d'ADN et l'usage d'intelligence artificielle pour de la reconnaissance faciale.

"La recherche scientifique en biotechnologie et en innovation médicale peut sauver des vies. Malheureusement, la République populaire de Chine choisit d'utiliser ces technologies pour contrôler son peuple et réprimer les membres des groupes minoritaires ethniques et religieux." Gina Raimondo, secrétaire américaine au Commerce.

Coups de filet répétés

Les instituts de recherche visés par les dernières actions américaines comprennent des centres axés sur les transfusions sanguines, la bio-ingénierie et la toxicologie. Et du côté des entreprises, les 37 entités visées comprennent des entreprises chinoises mais aussi des firmes de Géorgie, de Malaisie et de Turquie.

Les exportations vers l'Académie chinoise des sciences médicales militaires et 11 de ses instituts de recherche seront aussi réduites, en raison de ses travaux de biotechnologie, y compris "de prétendues armes de contrôle du cerveau", a estimé le sous-secrétaire au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier, Brian Nelson. Des activités jugées "contraires à la politique étrangère et aux intérêts de sécurité nationale des Etats-Unis".

Le Xinjiang bientôt rayé des importations

Ces nouvelles interdictions rejoignent celles décrétées la veille à l'égard de cinq autres entités chinoises accusées de favoriser le trafic d'opiacés de synthèse, responsables d'un nombre record de décès par surdose aux Etats-Unis.

Les Etats-Unis ne sont pas près de relâcher la pression. Ils devraient même prochainement devenir le premier pays à interdire toutes les importations en provenance du Xinjiang, arguant que le travail dans les camps est si répandu qu'il est difficile de séparer les produits qui sont fabriqués dans ces conditions des autres marchandises.

Dans cette province chinoise, des experts, des témoins et le gouvernement américain affirment que plus d'un million d'Ouïghours et d'autres musulmans turcophones sont incarcérés dans des camps. Outre la stérilisation forcée des femmes, la Chine y est accusée d'imposer le travail forcé.

Elus démocrates et républicains sont parvenus à un accord sur une loi qui interdira ainsi toute importation en provenance de la région, à moins qu'il n'existe une preuve tangible que la production n'implique pas de travail forcé. Le Xinjiang est aujourd'hui notamment important dans le coton : le Workers Rights Consortium, qui surveille les usines, estime que 20% des vêtements importés aux Etats-Unis chaque année contiennent de la matière en provenance de cette région.

Face aux accusation, Pékin affirme que les camps dénoncés sont des centres de formation professionnelle et que, comme de nombreux pays occidentaux, le gouvernement cherche à réduire l'attrait de l'islam radical à la suite d'attentats meurtriers. Quant aux sanctions sur les biotechs, la Chine fustige ces décisions, jugées "non constructives".

VG avec AFP