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Ouïghours: après H&M et Nike, Burberry en ligne de mire de la Chine

Burberry est la première marque de luxe à se retrouver dans le viseur de la Chine. Depuis quelques jours, les sanctions pleuvent à l'encontre des marques ayant annoncé boycotter le coton du Xinjiang, en soutien à la minorité Ouïghour.

La Chine se montre intraitable avec les marques qui l'accusent d'exploiter la minorité Ouïghour. Burberry est la première marque de luxe à subir les foudres de la Chine, rapporte Reuters. La veille, la marque H&M avait été bannie par le géant chinois Alibaba. Nike, Uniqlo et Adidas sont devenues persona non grata.

Pour faire pression sur les marques, leurs ambassadeurs chinois mettent fin à leurs contrat. Burberry n'y a pas échappé: l'actrice Zhou Dongyu, a annoncé cesser sa collaboration avec la marque anglaise. La justification est venue de son agence, accusant Burberry de "ne pas avoir clairement et publiquement exprimé son opinion sur le coton provenant du Xinjiang".

Le motif écossais emblématique de la marque a également été retiré du jeu vidéo Honor of Kings, a annoncé le compte officiel du jeu sur la plateforme Weibo, l'équivalent de Twitter en Chine.

Dans le monde, 20% du coton provient du Xinjiang

Les autorités chinoises imposent depuis plusieurs années une surveillance policière draconienne dans le Xinjiang, au nord-ouest du pays, où vivent des millions de Ouïghours, une minorité musulmane. Des études et enquêtes rapportent qu'au moins un million de Ouïghours sont internés dans des "camps", où certains sont soumis à du "travail forcé", notamment dans des champs de coton de la région. Le coton du Xinjiang représente 20% de l’offre mondiale.

En réaction au scandale, plusieurs entreprises de prêt-à-porter ont annoncé qu'ils ne se fourniraient plus en coton du Xinjiang, pour protester contre le traitement des Ouïghours. C'est le cas du suédois H&M, de l'américain Nike, de l'allemand Adidas ou encore du japonais Uniqlo.

Sur le réseau social chinois Weibo, les internautes appellent au boycott de ces marques qui exhument les communiqués et les déclarations des marques prenant leurs distances avec le Xinjiang. La "Better Cotton Initiative" (BIC) est également critiquée. L'ONG qui promeut la production durable de coton avait déclaré en octobre suspendre son approbation pour le coton provenant de la région en question, invoquant des préoccupations relatives aux droits de l'homme.

L'Union européenne, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le Canada ont imposé des sanctions à l'encontre de dirigeants chinois du Xinjiang ces derniers jours, déclenchant la colère de Pékin. Les autorités ont placé sur liste noire des personnalités, élus, chercheurs, et des entités européennes pour leur soutien affiché aux Ouïghours, à l'image de l'eurodéputé Raphaël Glucksmann. La Chine affirme toujours que ces camps sont des "centres de formation professionnelle" visant à éloigner les Ouïghours de l'extrémisme religieux.

https://twitter.com/Pauline_Dum Pauline Dumonteil avec AFP Journaliste BFM Tech