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Nord Stream 2: pour Berlin, pas de gaz en cas « d’escalade » en Ukraine

La nouvelle chancellerie allemande fixe ses conditions au très controversé projet de gazoduc, qui fragilise l’Ukraine.

Berlin ne veut pas livrer l’Ukraine aux troupes russes. Alors que le gazoduc germano-russe Nord Stream 2 doit être prochainement livré, la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock a averti qu’il ne fonctionnerait pas si Moscou s’attaquait à Kiev.

En raison de la situation sécuritaire tendue, "il a été convenu entre les Américains et l'ancien gouvernement allemand" d'Angela Merkel "qu'en cas de nouvelle escalade ce gazoduc ne pourrait entrer en service", a-t-elle déclaré sur la chaîne de télévision allemande ZDF, au moment où les Occidentaux craignent une invasion de l'Ukraine par les troupes russes.

En visite à Varsovie pour la première fois depuis qu'il a remplacé Angela Merkel la semaine dernière, et juste après ses visites à Paris et Bruxelles, le chancelier Olaf Scholz a de son côté assuré que son pays allait "tout faire pour assurer que l'Ukraine reste un pays de transit" de gaz. Il a averti qu'il pourrait y avoir des "conséquences" pour le pipeline si la Russie décidait d'envahir l'Ukraine.

Un risque de "chantage" russe

Son homologue polonais, Mateusz Morawiecki, lui demandait de prendre en compte les risques de "chantage" au gaz mené par la Russie, et de "déstabilisation sur le flanc oriental de l'Otan, de l'UE". Le dirigeant polonais ne veut pas voir ouvrir le gazoduc.

Le projet, qui achemine le gaz naturel russe par la mer Baltique, contourne le territoire ukrainien, alors que Kiev jouait jusqu'ici de son statut de pays de transit pour prélever des revenus, et pour faire pression sur Moscou. Ukrainiens et européens craignent qu'avec le nouvel itinéraire, le pays soit fragilisé vis-à-vis de la Russie, qui cherche à renforcer son influence sur le territoire ukrainien. Un contrat est signé pour des frais de transit jusqu'en 2024.

Alors qu'il avait été soutenu fortement par Angela Merkel et Vladimir Poutine, le gazoduc fait aussi craindre que l'Europe ne réduise pas sa dépendance aux approvisionnements russes. Face à cette menace, les Etats-Unis laissent planer la menace de sanctions.

Retards et non-conformité

Nord Stream 2, long de 1200 kilomètres, a été achevé en septembre mais n'est pas encore opérationnel. Annalena Baerbock rappelait en novembre qu'il « ne peut pour le moment être autorisé car il ne remplit pas les règles de la législation européenne de l'énergie ».

L'autorité allemande de l'énergie a demandé il y a un mois la suspension du processus de certification, en demandant au consortium suisse qui compte l'exploiter, de créer notamment une société de droit allemand, afin de répondre aux impératifs règlementaires localement.

VG avec AFP