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Londres moins ambitieux que prévu dans sa réforme de l'audit

Au Royaume-Uni, le secteur de l'audit a été éclaboussé par plusieurs scandales ces dernières années. Une réforme prévoit notamment de casser la domination des quatre principaux cabinets.

Londres a précisé mardi ses plans très attendus de réforme du secteur de l'audit, éclaboussé ces dernières années par plusieurs scandales, et s'il prévoit notamment de casser la domination des "big four", il revoit aussi ses ambitions à la baisse. Cette réforme se fait attendre depuis plusieurs années et traine en longueur. Le gouvernement britannique, qui avait dévoilé les grandes lignes de ses propositions il y a plus d'un an, a annoncé seulement mardi le dépôt d'un projet de loi d'ici un an.

Dans un communiqué, il explique vouloir "réduire le risque de faillite brutale des grandes entreprises, protéger les emplois et renforcer la réputation du Royaume-Uni". Mais l'exécutif est moins ambitieux qu'initialement sur les critères qui feront passer des grandes entreprises non cotées en Bourse sous la coupe du régulateur. Plusieurs médias britanniques pointaient lundi l'influence de lobbies dans ce recul.

La réforme visera ainsi les entreprises comptant plus de 750 employés et un chiffre d'affaires annuel de plus de 750 millions de livres, alors que l'exécutif avait envisagé un seuil de 500 salariés et 500 millions de livres, qui aurait touché plus de sociétés. Le secteur de l'audit est dans le collimateur du gouvernement britannique, pointé pour n'avoir pas vu venir des faillites retentissantes : celles de la chaîne de magasins BHS en 2016 (PwC), du groupe de construction Carillion en 2018 (KPMG) ou encore du voyagiste Thomas Cook en 2019 (EY).

EY étudie une scission

Un nouveau régulateur verra le jour, l'Autorité de l'audit, de la comptabilité et de la gouvernance (ARGA), aux pouvoirs renforcés. Il pourra notamment interdire aux auditeurs défaillants de contrôler les comptes des grandes entreprises et sera financé par une taxe sur le secteur. Pour limiter "la domination malsaine" des "big four", les quatre principaux cabinets mondiaux (Deloitte, EY, KPMG et PWC), les 350 plus grandes entreprises cotées du pays devront réaliser au moins une partie de leurs audits avec un autre prestataire.

L'ARGA aura aussi le pouvoir d'obliger les grands cabinets à séparer leurs fonctions d'audit de leurs autres services.

Les annonces de mardi interviennent alors qu'EY étudie une scission de ses activités d'audit et conseil au niveau mondial, selon des informations de presse publiées en fin de semaine dernière. Interrogé sur le sujet, EY a indiqué à l'AFP "évaluer régulièrement les options stratégiques" de l'entreprise mais qu'"aucune décision n'a été prise". La réforme de l'audit obligera aussi les grandes entreprises à être plus transparentes sur leurs résultats et interdira la distribution de dividendes si elles se trouvent au bord de la faillite.

Toutefois, les plus petites entreprises seront épargnées par les nouvelles exigences et pourraient même voir leurs obligations déclaratives s'alléger.

J. Br. avec AFP