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Lithium, cuivre, or... Les talibans ont aussi mis la main sur les incroyables gisements de minerais du pays

L'Afghanistan possède un des plus gros gisements de lithium, minerai déjà incontournable pour l'industrie, mais aussi des terres rares très recherchées.

1000 milliards de dollars. Voici la richesse minérale sur laquelle sont désormais assis les talibans. Dans une note interne du Pentagone datée de 2010, des militaires et géologues américains avaient ainsi répertorié les vastes réserves de minerais du pays, composées de fer, de cuivre, d'or mais aussi de lithium. Le pays avait même été surnommé "l'Arabie saoudite du lithium" par le Pentagone. Mais on trouve aussi du platine, de la chromite, de l'uranium et surtout des très précieuses terres rares (lanthane, cérium, néodyme…).

Autant de matériaux précieux qui donnent une idée du potentiel extraordinaire de cet Etat, aujourd'hui mieux connu pour sa culture du pavot que pour les richesses de son sol et de son sous-sol. Pourtant, l'exploitation a déjà commencé: il existe une mine de cuivre à Aynak, près de Kaboul, et une autre à Hajigak, qui produit du fer.

Concurrent de la Chine...

En réalité, la situation politique instable n'a jamais permis au pays de profiter de cette manne. La corruption a empêché le développement des infrastructures et celles déjà réalisées (routes, voies ferrées…) ont été en partie détruites par la guerre. Le président en fuite, Ashraf Ghani, voyait même les minerais comme une "malédiction", c'est-à-dire une excellente raison de relancer des conflits armés pour en prendre possession.

Aujourd'hui, les cours des matériaux flambent. Et ce n'est qu'un début surtout pour les terres rares et le lithium qui font partie des principaux composants des batteries électriques. Conscients de cette richesse, les Américains ont bien tenté de développer ce secteur industriel, d'une part pour stimuler l'économie afghane gangrénée par l'opium mais aussi pour mettre sur pied un concurrent face à la Chine, numéro 1 incontesté du lithium et des terres rares.

Les talibans vont-ils faire de leur pays le nouvel Eldorado des minerais? Ils ont besoin de faire appel à des entreprises d'exploitation et peu d'entre elles seront tentées par un tel accord tant que l'instabilité perdura.

...ou allié de la Chine?

Deux pays gardent tout de même un œil. La Chine évidemment: elle avait obtenu en 2007 l'exploitation de la mine de cuivre à Aynak via l'entreprise publique China Metallurgical Group Corporation et le géant Jiangxi Copper. Mais en 10 ans, rien ou presque n'est sorti des pelles faute d'avoir ces fameuses infrastructures pour l'exploitation. Ce mardi, les entreprises chinoises présentes dans le pays ont néanmoins déclaré qu'elles espéraient reprendre les grands projets de coopération qui étaient au point mort depuis des années. Ces dernières attendent désormais le feu vert du gouvernement chinois et surtout la reconnaissance du régime des talibans par Pékin.

Pour la Chine, c'est une façon de garder la main sur les minerais mondiaux mais aussi de délocaliser sa production locale dans un autre pays, avec son cortège de dégâts environnementaux. L'autre pays aux aguets, c’est la Russie qui espère aussi normaliser ses relations avec le nouveau régime.

Une chose est sûre, il faudra un régime durable et apaisé en Afghanistan. Rien n'est moins sûr...

Thomas Leroy Journaliste BFM Business