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Les sanctions occidentales commencent à asphyxier l’économie russe

Les sanctions occidentales envers la Russie ont fait dévisser le rouble russe lundi. Signe de perte de confiance dans le système bancaire, les ménages russes ont commencé à se précipiter vers les distributeurs automatiques de billets.

"Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe". Interrogé sur France info ce mardi, Bruno Le Maire a prévenu que les conséquences des sanctions occidentales en réponse à l’invasion de l’Ukraine seront dévastatrices pour le système financier et économique de la Russie.

Après avoir annoncé dans un premier temps le gel des avoirs des oligarques russes et de certaines banques ainsi qu'une restriction des exportations, les Occidentaux sont passés à la vitesse supérieure ce week-end en décidant de bloquer les réserves détenues par la Banque centrale russe à l’étranger et le débranchement de banques russes du système de messagerie bancaire Swift.

Si cette dernière mesure a beaucoup fait parler en raison des divisions européennes sur le sujet, le gel des actifs de la Banque centrale russe est sans nul doute la sanction la plus forte prise par l’Europe et ses alliés. Car elle restreint considérablement la capacité de l’institution monétaire à soutenir sa monnaie nationale en l’empêchant de vendre ses avoirs en dollar ou en euro pour acheter du rouble.

Réserves en partie inutilisables

La Russie disposerait de 630 milliards de dollars de réserves pour faire face aux sanctions de l’Occident. Or, une partie de ces réserves sont en devises étrangères ou détenues sous forme de titres auprès d’institutions monétaires étrangères, ce qui les rend inutilisables et réduit considérablement les marges de manoeuvre de la Banque centrale.

Pour Sergueï Khestanov, un conseiller pour les questions macroéconomiques du courtier Open Broker interrogé par l’AFP, la Russie peut cependant encore voir venir, car ses principales ressources en devises, les exportations de matières premières, ne sont pas touchées par les sanctions. "Tant qu'il n'y aura pas de vraies sanctions sur les exportations russes, et avant tout sur le pétrole et le gaz, il n'y aura pas de catastrophe", dit-il, mais "les gens vont bien sûr en ressentir" des effets.

Toujours est-il que les mesures annoncées, qui ne sont pas encore entrées pleinement en vigueur, ont déjà des conséquences concrètes sur l’économie russe. Lundi matin, le rouble chutait de près de 30% face au dollar. Ce mardi, il fallait 98 roubles pour acheter un dollar, contre 78 il y a une semaine.

Autre conséquence des sanctions occidentales: la bourse de Moscou n’a même pas été en mesure d’ouvrir lundi et devrait rester fermée jusqu’au 5 mars. Certaines valeurs russes cotées sur les places étrangères, notamment celles de géants des hydrocarbures, ont quant à elles connu des chutes importantes, allant parfois jusqu’à -75%.

La volonté des Européens et de leurs alliés de faire de la Russie un paria de la finance mondiale risque de surcroît d’alimenter un peu plus l’inflation qui atteignait déjà 8,7% en janvier sur un an. Enfin, signe d’un début de perte de confiance dans le système bancaire russe et dans la valeur du rouble, des files d’attente se sont formées lundi devant les distributeurs automatiques de billets.

Moscou tente de limiter la casse

Fustigeant les sanctions infligées par "l’empire du mensonge", Vladimir Poutine a annoncé des mesures drastiques pour soutenir le rouble. Désormais, les résidents en Russie ne pourront plus transférer de devise à l’étranger et les exportateurs russes seront également sommés de convertir en rouble 80% de leurs recettes en devises étrangères engrangées depuis le 1er janvier. Ils devront par ailleurs continuer de maintenir ce ratio de 80% de leurs avoir monétaires en roubles à l’avenir.

Faute de pouvoir intervenir sur le marché des changes, la Banque centrale russe a pour sa part relever son taux directeur de 9,5 à 20% afin de "compenser les risques accrus de dépréciation du rouble et d’inflation". Elle s’est en outre dit "prête à prendre d’autres mesures".

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco