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Les investisseurs américains reviennent financer les banques européennes

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Selon le Financial Times paru lundi, les fonds d’investissement américains font leur retour sur le marché interbancaire pour financer les banques françaises et espagnoles. Ils les boycottaient depuis l'intensification de la crise de la dette.

C’est le signe d’un apaisement des tensions sur les marchés. Selon la Réserve fédérale américaine, les fonds monétaires américains ont augmenté, la semaine dernière, de trois milliards de dollars à 133 milliards de dollars leurs achats à très court terme auprès des banques étrangères.

Ce montant n’est pas énorme, d’autant que les banques étrangères concernées ne sont pas forcément européennes, mais ce retour des investisseurs américains était très attendu de ce côté de l’Atlantique.

Un changement d'attitude notable

Fin décembre 2011, un rapport de Fitch notait que les fonds monétaires américains continuaient de réduire leur exposition aux banques européennes. Entre fin octobre et fin décembre, leurs achats de titres aux établissements du Vieux Continent avaient fléchi de 4%. Cette frilosité vis-à-vis de l’interbancaire européen avait commencé à se faire sentir dès le mois de mai 2011.

"On n’a ni le montant ni l’ampleur du mouvement [de retour des investisseurs américains, ndlr], mais un changement d’attitude est notable", assurait lundi Philippe Waechter, directeur des études économiques chez Natixis Asset Management, invité d’Intégrale Bourse.

Pour lui, c'est une "réaction à la politique de Mario Draghi". Le président de la Banque centrale européenne a opéré "un transfert de risque spectaculaire du secteur privé vers la BCE", explique-t-il. "Les investissements dans les banques européennes apparaissent ainsi moins risqués."

L’institution européenne a en effet décidé en décembre de prêter des montants illimités aux banques de la zone euro sur une durée inédite de trois ans, levant ainsi en partie les inquiétudes sur leur financement.

Benoît de Broissia, gérant de KBL Richelieu Gestion, rappelle toutefois que "les banques européennes ont compris qu’elles étaient trop vulnérables aux fonds monétaires américains pour la liquidité en dollar. Elles sont en train de repenser leur accès aux sources de refinancement afin d’en trouver des plus pérennes". Ainsi, au regard du besoin de liquidité en dollar des banques de la zone euro, Benoît de Broissia qualifie ce revirement des investisseurs américains d’"anecdotique".

Nina Godart