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Les Etats-Unis tapent une nouvelle fois sur l'OMC et exigent de la "réinitialiser"

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- - Fabrice COFFRINI / AFP

Le représentant américain au Commerce estime que les résolutions en matière de tarifs douaniers de l'Organisation mondiale du commerce sont dépassées.

Nouvelle attaque en piquée des Etats-Unis contre l'OMC. Dans une audition devant la Chambre des représentants, Robert Lighthizer, le représentant américain au Commerce, estime que le temps est venu de "réinitialiser" l'Organisation mondiale du commerce.

"Aujourd'hui, les résolutions sur les droits de douane qui sont en place sont dépassées et ne reflètent plus les choix des politiques des pays membres et les conditions économiques des membres", souligne-t-il.

"En conséquence, de nombreux pays dotés de grandes économies développées maintiennent des taux de droits de douane très élevés, bien supérieurs à ceux appliqués par les Etats-Unis", a-t-il déploré. 

Traitement "inéquitable"

L'administration Trump entend "veiller" à ce que les tarifs douaniers reflètent les réalités économiques actuelles "pour protéger" les exportateurs et les travailleurs américains. 

Le président américain Donald Trump dénonce constamment le traitement jugé "inéquitable" des Etats-Unis par l'institution notamment dans le règlement des conflits commerciaux.

"L'OMC a effectivement traité l'une des plus libres et des plus ouvertes économies - avec un énorme déficit commercial - comme le plus grand abuseur commercial du monde", a estimé mercredi Robert Lighthizer, chiffres à l'appui.

"A l'heure actuelle, plus de 150 dossiers sur des différends ont été déposés contre les Etats-Unis à l'OMC, alors qu'aucun autre membre n'a fait face à une centaine. Pire, jusqu'à 90% de ces différends ont abouti à un rapport constatant que les Etats-Unis étaient au moins partiellement en faute", a-t-il déploré.

Démission surprise du directeur général

En janvier, Donald Trump avait annoncé qu'il avait engagé des discussions pour réformer l'OMC. De leurs côtés, les Européens se montrent attachés à ce cadre multilatéral.

Reste que l'OMC traverse actuellement une des plus grande crise de son histoire, illustrée par une grande impuissance face aux conflits commerciaux qui agitent la planète. Depuis le 11 décembre, la cour d'appel de l'organe de règlement des différends (ORD) de l'OMC n'est plus opérationnelle à cause du blocage de nominations de juges par Washington.

Même si mi-avril, les pays de l'UE ont donné leur feu vert à la mise en place d'une Cour d'appel temporaire pour régler les litiges commerciaux, pour contourner le blocage de l'OMC par l'hôte de la Maison Blanche.

Et en mai dernier, on apprenait la démission surprise de son directeur général Roberto Azevedo en pleine crise du coronavirus. Le départ prématuré du Brésilien, le 31 août prochain, intervient en effet au moment où l'économie mondiale enregistre son plus violent coup de frein depuis la Grande Dépression des années 1930, frappée de plein fouet par la pandémie du coronavirus.

Malgré ses tentatives de discussions, Roberto Azevedo n'a jamais pu réussir à empêcher les Etats-Unis de tordre le bras juridique de l'OMC.

Le statut de la Chine dans le viseur

Depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, l'organisation internationale et son patron assistent par ailleurs, impuissants, aux hostilités commerciales entre les Etats-Unis, la Chine et l'Union européenne.

Les Etats-Unis pressent d'ailleurs l'OMC de réviser le statut de la Chine, qui selon Washington usurpe son statut de pays en développement pour en tirer un avantage économique.

Reste à savoir qui pourrait reprendre la tête de l'OMC. A Genève, les regards se tournent vers l'Afrique, selon plusieurs sources diplomatiques. "Il y a un consensus (...) pour que la succession ne revienne pas à une grande puissance économique, et ça ne peut être ni un Chinois ni un Américain" compte tenu de la guerre commerciale que se livrent les deux puissances, indique une source diplomatique à l'AFP.

Olivier Chicheportiche avec AFP