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Le dollar fait la moue sur l'année 2023, les devises européennes plus performantes

Depuis le début de 2023, le billet vert a flanché de plus de 3% face à l'euro et de près de 5% face à la livre britannique.

Le dollar se maintenait vendredi pour les derniers échanges de l'année, mais restait à la traîne sur 2023 face aux devises européennes, quand le yen s'apprêtait de finir l'année en forte baisse face au billet vert.

Vers 20H20 GMT, le dollar index, qui compare le billet vert à un panier de monnaies, grappillait 0,07% à 101,29 points. Il avançait de 0,14% face à la devise européenne à 1,1045 dollar pour un euro.

"L'indice du dollar américain a rebondi (jeudi), les rendements des bons du Trésor ayant augmenté", et se maintenait encore vendredi face à la livre et l'euro, commente Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote.

Cependant, le dollar américain aura connu "sa pire année depuis 2020", première année de la pandémie de Covid-19, affirme l'analyste.

Sur l'année 2023, le dollar index devrait perdre plus de 2%. Depuis le début de 2023, le billet vert a flanché de plus de 3% face à l'euro et de près de 5% face à la livre britannique.

Baisse des taux

Principal déclencheur du récent mouvement de vente du dollar américain, les "spéculations sur les marchés se sont intensifiées au sujet de réductions de taux plus précoces et plus profondes de la part de la Fed (Réserve fédérale américaine, ndlr) l'année prochaine", explique Lee Hardman, analyste chez MUFG.

"L'émergence de preuves plus convaincantes qu'un ralentissement marqué de l'inflation américaine est en cours a été le principal déclencheur de la récente forte correction à la baisse des rendements américains et du dollar américain", poursuit-il.

La Fed avait également indiqué lors de sa dernière réunion que le comité monétaire avait discuté d'un début de calendrier pour les baisses de taux.

En parallèle, les devises européennes se sont montrées plus performantes sur l'année, se remettant après avoir durement été touchées par le choc de la guerre en Ukraine, qui s'est depuis atténué avec la baisse des prix de l'énergie.

Si elles n'ont pas complétement récupéré de leurs lourdes pertes subies en 2022, l'euro, la livre et la couronne suédoise ont toutefois enregistré des gains notables cette année.

"La seule devise européenne qui a continué à sur-performer cette année est le franc suisse (...) en passe de clôturer à son niveau le plus élevé par rapport à l'euro et au dollar américain depuis le début de l'année 2015", époque à laquelle la Banque nationale suisse (BNS) avait renoncé à bloquer la parité à 1,20 franc suisse pour un euro, quatre ans après avoir arrimé les deux devises, explique Lee Hardman.

Le franc suisse a bénéficié depuis 2020 de son statut de valeur refuge pendant la crise du Covid-19, "puis des craintes d'une hausse de l'inflation", poursuit l'analyste.

Plus récemment, malgré la baisse des pressions inflationnistes, la devise suisse a été portée par "les risques accrus de récession en Europe et l'intensification de la spéculation sur des baisses de taux plus rapides et plus importantes de la part de la BCE (Banque centrale européenne, ndlr) et de la Fed".

Le franc suisse bénéficie de son statut de valeur refuge

Côté yen, la devise nipponne a souffert des réticences de la Banque du Japon (BoJ) à changer de cap par rapport à sa politique monétaire ultra-accommodante de taux négatifs, en comparaison aux principales autres grandes banques centrales qui ont opté pour des hausses de taux successives pour combattre l'inflation.

Le yen gagnait 0,30% face au dollar vendredi à 140,99 yens pour un dollar mais il a terminé en forte baisse sur l'année face au billet vert.

Dans une moindre mesure, les dollars australien et néo-zélandais ont également fait grise mine, "freinés cette année par les inquiétudes persistantes concernant la santé de l'économie chinoise", note Lee Hardman.

Les économies de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande sont en effet très liées à l'économie chinoise, important partenaire commercial. Or, le rebond économique qui a suivi la fin des très strictes restrictions sanitaire en Chine s'est avéré décevant.

OC avec AFP