La guerre de l'automobilesans rétroviseur

Les grands constructeurs se livrent une bataille sans merci pour fournir les gadgets dernier cri à leur clientèle, particulièrement dans le haut de gamme. La dernière offensive concerne... le rétroviseur ! Lexus et Audi seront les premiers à présenter des modèles sans «rétro», une avancée loin d'être anecdotique et qui devrait bientôt intégrer l'ensemble des segments de gamme.

La victoire pour Lexus ! La marque de luxe du géant Toyota sera la première à proposer au public à la vente une voiture sans rétroviseurs extérieurs. Une option payante qui sera disponible sur son modèle ES, disponible dans quelques semaines.

Le japonais vole ainsi la vedette à Audi qui voulait être le premier à proposer ce nouveau gadget high-tech. Mais le report du lancement de l'Audi E-Tron sur lequel il sera monté, fait de Lexus le premier arrivé au sprint...

Ne pas perturber le conducteur

Gadget? Sans doute, mais pas que. L'idée de Lexus était certes de remplacer le bon vieux rétroviseur à miroir, mais sans déstabiliser les automobilistes en leur imposant de nouveaux réflexes qui pourraient nuire à leur sécurité. 

Le japonais a donc opté pour un système posé en lieu et place des anciens rétroviseurs, de part et d'autre du coin des vitres avant. Deux petits appendices, servant également de répétiteurs de clignotants, avec une caméra au bout.

Vision arrière totale sans angle mort

Ces 2 caméras, multi-réglables via des commandes très simples au volant, filment l'intégralité de la surface arrière de la voiture, sans angle mort. Elles peuvent également cadrer les zones importantes au choix, pour certaines manoeuvres.

Mais surtout, Lexus a pensé à tout. Les images diffusées par ces caméras sont projetées sur des petits écrans, disposés à l'intérieur du véhicule, à chaque extrémité de la planche de bord. Ainsi le conducteur garde le réflexe de pointer son regard à cet endroit pour savoir ce qui se trouve derrière lui.

Améliorations aérodynamiques

Les appendices extérieurs sur lesquels les caméras sont fixées sont bien moins épais que des carénages de rétroviseurs, ce qui constitue un double avantage : déjà une meilleure aérodynamique, donc moins de bruit de roulement et un impact positif pour la consommation de carburant.

Ensuite, cette solution améliore la visibilité du conducteur, puisque le système supprime un angle mort important, qui peut empêcher dans certains cas de voir les piétons sur le côté du véhicule.

Audi préfère le tactile

Audi applique en gros le même traîtement à son SUV électrique E-Tron qui sera présenté au Mondial de l'Auto de Paris dans quelques semaines. De toutes petites caméras sur le côté, placées elles aussi en lieu et place des anciens rétroviseurs.

La différence est dans l'interface, Audi ayant préféré projeter leurs images sur des petits écrans incrustés dans l'intérieur des portières, qui seront tactiles : le conducteur pourra régler l'angle, zoomer et sélectionner ses préférences du bout des doigts.

Théorie du ruissellement

Deux systèmes concurrents qui seront également présentés de manière différente : Lexus le propose dans un premier temps comme une option payante sur son nouveau modèle ES, alors qu'il sera monté en série chez Audi sur l'E-Tron. Sans nul doute elle alimentera un débat passionné sur l'utilité réelle de ces nouveaux systèmes et leur fiabilité.

Mais dans les deux cas cette initative a pour but de satisfaire une clientèle haut de gamme toujours plus férue de nouveau systèmes high-tech, en attendant que les algorithmes et les ordinateurs ne gèrent tout... Et ce qui est facturé très cher sur le haut de gamme aujourd'hui arrivera tôt ou tard en série sur les modèles inférieurs, comme toute nouveauté automobile, surtout si ceux-ci améliorent pour de bon la sécurité et les performances.

Antoine Larigaudrie