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La forte inflation aux Etats-Unis n'est "pas tolérable", selon Janet Yellen

L'ancienne dirigeante de la FED a mis la pression sur la banque centrale, pour mettre fin à la surchauffe en cours de l'économie américaine.

"Je suis préoccupée par l'inflation" et "il n'est certainement pas tolérable (qu'elle) reste aux niveaux actuels" : Janet Yellen tire la sonnette d'alarme, dans un entretien accordé à l'AFP. La Secrétaire au Trésor américain, ancienne patronne de la FED entre 2014 et 2018, en appelle à la banque centrale pour ralentir l'inflation.

Poussée par un ensemble de facteurs liés à la pandémie, l'inflation a atteint, aux Etats-Unis, 7,5% sur un an en janvier, son rythme le plus rapide en près de 40 ans, selon l'indice CPI du département du Travail. Voitures, viande, essence, fioul domestique, meubles, mais aussi hôtels et évènements sportifs, ont, depuis un an, vu leurs prix flamber.

Il s'agit "à l'évidence (d')une grande préoccupation pour les Américains, et il faut vraiment y remédier", a souligné Janet Yellen.

"Nous faisons tout ce que nous pouvons au sein de l'administration (Biden) pour résorber les goulets d'étranglement de la chaîne d'approvisionnement qui font grimper les prix", a-t-elle ajouté.

D'autant plus que la crise entre la Russie et l'Ukraine pourrait avoir des "conséquences mondiales", a-t-elle souligné, mettant en avant "l'impact potentiel sur les marchés de l'énergie, compte-tenu du rôle important de la Russie en tant que fournisseur de pétrole pour le marché mondial, et de gaz naturel pour l'Europe".

"Confiance" dans la FED

Les yeux sont désormais rivés sur la banque centrale, la Fed, qui "a également un rôle important à jouer", selon Mme Yellen. Elle a renouvelé sa "confiance" dans l'institution monétaire "pour déployer ses outils de manière appropriée". C'est-à-dire lutter contre l'inflation, sans pour autant ralentir la reprise économique et la croissance de l'emploi.

La Fed se prépare à relever ses taux directeurs dès le mois prochain, à un rythme qui pourrait être bien plus rapide que ce qui était attendu. Elle les avait abaissés à quasiment 0 il y a deux ans, pour encourager les ménages à consommer et les entreprises à investir, stimulant ainsi l'économie.

"Un rythme plus rapide d'augmentations (...) des taux directeurs que dans la période post-2015 serait probablement justifié", estiment ainsi les gouverneurs de la FED dans leur dernier compte-rendu, d'une réunion daté du 25 janvier.

"Si la pandémie recule et que nous mettons en place des politiques appropriées, je m'attends à ce que l'inflation ralentisse", a estimé Janet Yellen. Il faudra, quoi qu'il en soit attendre plusieurs mois au moins avant que la hausse des taux n'ait un impact, selon la plupart des économistes.

Défense de la politique économique de Biden

La ministre de Joe Biden reste convaincue que le gouvernement doit continuer à soutenir la reprise économique et a de nouveau plaidé en faveur du gigantesque plan d'investissements dans les infrastructures et de dépenses sociales voulues par le président, Build Back Better, actuellement paralysé au Congrès.

Il est accusé de soutenir la hausse des prix, aux côtés des 1 900 milliards de dollars de l'American Rescue Plan, le plan d'aides d'urgence comprenant la distribution de généreux chèques à des millions de ménages que le président avait fait adopter dès son arrivée à la Maison Blanche, en mars 2021.

Mais pour Janet Yellen, cela a surtout permis d'éviter des dommages économiques bien plus importants et une reprise rapide. Elle souligne que les Etats-Unis ont aujourd'hui "un marché du travail très solide, un taux de chômage très bas". A 4% en janvier, il s'approche des 3,5%, un quasi plein emploi.

"Il faut avoir conscience que nous avons empêché les expulsions, nous avons réduit la pauvreté des enfants (...), nous avons diminué l'insécurité alimentaire", a-t-elle poursuivi.
VG avec AFP