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L'OMC prévoit une reprise du commerce mondial en 2024 mais s'inquiète des tensions géopolitiques

La croissance en volume du commerce mondial des marchandises devrait être de 2,6% en 2024, contre une prévision de 3,3% en octobre, puis de 3,3% en 2025, après avoir baissé l'an dernier.

L'OMC prévoit une reprise du commerce mondial cette année, mais les conflits, les tensions géopolitiques et l'incertitude des politiques économiques font peser sur les prévisions des risques de détérioration importants, a-t-elle indiqué mercredi.

La croissance en volume (corrigée de l'inflation) du commerce mondial des marchandises devrait être de 2,6% en 2024 (contre une prévision de 3,3% en octobre) et de 3,3% en 2025, après avoir baissé l'an dernier, selon les prévisions annuelles de l'Organisation mondiale du commerce.

"Nous progressons vers une reprise du commerce mondial" mais "il est impératif de limiter les risques comme les troubles géopolitiques et la fragmentation des échanges, pour maintenir la croissance économique et la stabilité", a commenté la directrice générale Ngozi Okonjo-Iweala.

Le rapport estime en outre que la croissance du PIB mondial restera stable dans l'ensemble au cours des deux années à venir, devant atteindre 2,6% en 2024 et 2,7% en 2025.

Impact attendu des JO et de l'Euro

Les prix de l'énergie élevés et l'inflation ont continué de peser lourdement sur la demande de produits manufacturés l'an dernier, entraînant une baisse de 1,2% du commerce mondial des marchandises en volume, alors que l'OMC tablait sur +0,8% en octobre.

"La révision à la baisse est principalement due aux résultats moins bons que prévu de l'Europe", a expliqué l'économiste en chef de l'OMC, Ralph Ossa, dans un entretien à l'AFP.

L'OMC ne fait pas de prévisions pour le commerce mondial des services, mais souligne qu'il a augmenté de 9% en 2023, et l'organisation s'attend à ce que les événements sportifs qui doivent avoir lieu en Europe durant l'été (Jeux olympiques et Euro de football) stimulent le tourisme et le transport de passagers.

Les pressions inflationnistes devraient s'atténuer cette année, permettant aux revenus réels de croître à nouveau -en particulier dans les économies avancées- ce qui stimulera la consommation de produits manufacturés, selon l'OMC qui note qu'une reprise est déjà manifeste.

Multiples tensions géopolitiques

Mais les tensions géopolitiques et l'incertitude des politiques économiques pourraient entraîner de fortes hausses des prix des produits alimentaires et de l'énergie, limitant l'ampleur de la reprise.

Selon l'OMC, si l'impact économique des perturbations dans le canal de Suez qui découlent de la guerre à Gaza a été jusqu'ici relativement limité, certains secteurs, comme ceux des produits de l'industrie automobile, des engrais et du commerce de détail, ont déjà été affectés par des retards et des hausses des coûts de fret.

"Nous sommes encore dans une période où le commerce est relativement résistant" et "nous ne voyons absolument pas de démondialisation" mais il y a des signes de "fragmentation" du commerce mondial, a observé Ralph Ossa.

Ainsi, a-t-il souligné, le commerce bilatéral entre les États-Unis et la Chine, qui avait atteint un niveau record en 2022, a enregistré en 2023 une croissance de 30% inférieure à celle des échanges de ces deux pays avec le reste du monde.

Des signes de fragmentation apparaissent aussi dans le commerce des services : les importations des États-Unis concernant les services liés aux technologies de l'information et de la communication en provenance du Canada ont augmenté en 2023 tandis que celles provenant d'Asie (principalement d'Inde) ont baissé.

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L'OMC met donc en garde contre les différentes velléités que peuvent avoir certains pays ou politiques d'accroître le protectionnisme, mais se refuse à citer des noms.

"Nous nous trouvons clairement à un moment important de l'histoire de la mondialisation. Je pense que de nombreux gouvernements évaluent ou réévaluent peut-être leurs choix en matière de politique commerciale et, bien entendu, cela aura des conséquences sur la manière dont le commerce international évolue", a expliqué Ralph Ossa.

Rien que "le fait de ne pas savoir comment certains de ces choix politiques sont faits et cette incertitude en matière de politique commerciale sont déjà en soi un frein au commerce international", a-t-il dit, pointant du doigt les dizaines d'élections qui ont lieu cette année dans le monde, y compris aux États-Unis.

TT avec AFP