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L'Inde: le pays de la croissance record

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- - SAM PANTHAKY / AFP

Rien ne semble pouvoir ralentir l'Inde, la croissance inde, la plus forte des grands pays du monde

« L’éléphant endormi s’est désormais mis à courir ». Cette phrase du premier Ministre indien, Narendra Modi, résume bien la situation économique actuelle de l’Inde, désormais sixième économie mondiale. Au cours du deuxième trimestre 2018, la croissance indienne a atteint 8,2% par rapport à la même période de l’année précédente. Un chiffre nettement supérieur à celui de la Chine (6,7%), qui fait face à un ralentissement confirmé

Cette croissance tire son origine du dynamisme de la demande intérieure. Les secteurs les plus porteurs étant l’industrie manufacturière (+13,5%), la construction (+8,7%) et l’agriculture (+5%). Trois branches qui emploient une main d’œuvre importante. Dans le même temps, la consommation des ménages a augmenté de deux points, passant de 6,7% au premier trimestre, à 8,6% au deuxième trimestre. Les chiffres sont donc, plutôt confortables d'un point de vue national mais aussi international. Selon un rapport du FMI publié le 8 août 2018, l’Inde génère à elle seule 15% de la croissance économique mondiale. 

Le choc des inégalités

Néanmoins ces performances impressionnantes cachent une réalité plus nuancée. Au troisième trimestre, l’économie indienne a perdu un point de croissance (7,1%). La faute au ralentissement mondial et aux tensions commerciales. Et même si cette baisse de rythme n'a rien de préoccupant, elle met en exergue plusieurs problèmes qui pèsent sur l’économie indienne. Par exemple, comment intégrer chaque mois, le million de jeunes qui rentre sur le marché du travail ? Pour que l’Inde puisse créer des emplois à l’échelle de ses besoins, il lui faudrait au moins 8% de croissance. « Tout PIB sous la barre des 8% a des ramifications très importantes pour l’économie. En dessous de 7 ou 7,5%, cela freinerait potentiellement la création d’emplois » affirme Ashutosh Datar, économiste indépendant à New Delhi. 

Autre défi de taille : l’économie indienne, bien que florissante, ne parvient pas à venir à bout des inégalités. Selon le dernier rapport de la Banque Mondiale sur la pauvreté : en 2012, plus de 20 % de la population indienne (soit 240 millions de personnes) vivaient avec moins de deux dollars par jour. Le quotidien Hindustan Times, cité par Courrier International, s'inquiétait d'ailleurs de la crise française des gilets jaunes: « l’Inde n’est pas totalement à l’abri d’un phénomène similaire dans de nombreuses régions, les agriculteurs sont aux prises avec une crise agraire » sans précédent, tandis que « trop peu d’emplois sont créés ». En outre, soulignait récemment un rapport de Crédit Suisse, l’indice des inégalités est passé de 81,3 en 2013 à 85,4 en 2018, sur une échelle de 0 à 100. Dans ces conditions, prévient le quotidien indien, le gouvernement Modi «ferait bien de regarder » ce qui se passe en France 

Valentin Demay