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"L'Europe subit le choc de la guerre": Le chef économiste du FMI appuie la politique de la BCE

Invité de BFM Business, Pierre-Olivier Gourinchas a aussi écarté le scénario d'une récession globale. Ce n'est pas "un scénario central" pour le moment.

La BCE est ces dernières semaines tancée sur son manque de réactivité vis-à-vis de l'inflation, mais elle vient de trouver un soutien de poids: le chef économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas, a soutenu la stratégie de la banque centrale de Francfort, en appuyant la différence de contexte qui l'oppose notamment à la FED.

La politique monétaire est restée souple longtemps, pas seulement à la BCE. Elle est dans une situation différente de la FED, puisque la zone euro est plus dépendante des effets de la guerre, du fait de la dépendance énégétique. L'Europe subit un ralentissement très fort de sa croissance lié au choc de la guerre, et la BCE doit naviguer entre la croissance et l'inflation. Elle est aujourd'hui obligée d’intervenir et doit revenir à une politique "neutre", mais il est trop tôt pour dire qu’elle a maintenu sa politique expansionniste trop longtemps."

L'institution américaine dirigée par Jerome Powell a décrété un virage beaucoup plus violent de sa politique, annonçant dès le début de l'année plusieurs remontées de taux. Par contraste, la BCE est sous le feux des critiques, accusée de sous-réagir. Elle va cesser son programme de rachats d'actifs au mois de juillet, et a promis un réhaussement des taux "quelques semaines plus tard", selon sa diretrice, Christine Lagarde.

Une récession globale pas encore à l'ordre du jour

Pierre-Olivier Gourinchas a en outre voulu se montrer rassurant concernant la croissance mondiale: il a ainsi exclu, pour le moment, une récession globale des scénarios les plus plausibles.

Il se peut qu’il y ait une révision significative de nos prévisions de croissance par rapport à ce que nous avions annoncé [3,6% pour 2022, en avril, ndlr]. La récession est un risque mais pas un scénario central aujourd'hui."

Le nouveau chef économiste a tout de même pointé les facteurs de risque possibles : les confinements durcis en Chine, "qui pourraient conduire à un ralentissement plus global" ; l'augmentation du prix des matières premières, "qui fait ponction sur le revenu des ménages" ; le durcissement monétaire à venir, qui pourrait fragiliser les économies émergentes, en dépréciant leurs monnaies et en provoquant une fuite de capitaux.

Concernant ce dernier risque, il a tout de même relevé que nombres d'économies émergentes s'étaient déjà adaptées:

Certains pays se sont adaptés, comme le Brésil et d'autres pays d'Amérique Latine ou d'Asie, qui étaient vulnérable. Ils ont dévancé le risque et durcit leurs politiques monétaires pour se protéger de la fuite des capitaux."

Au sein des économies avancées, Pierre-Olivier Gourinchas a enfin souligné que la dette publique ne posait encore de problème majeur. "C'est une préoccupation, mais pas immédiate: on reste dans un environnement de taux réels assez faibles. Cela veut l’horizon où on doit stabiliser n’est pas immédiat", a-t-il appuyé.

Valentin Grille