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Gaz, blé : les menaces de sanctions contre Moscou font flamber les prix… au profit de la Russie

Les cours du pétrole atteignent de nouveaux sommets dans un contexte géopolitique tendu. Paradoxalement, la situation avantage Moscou qui exporte massivement des hydrocarbures. Mais aussi des minerais, du blé…

Cette fois, Vladimir Poutine semble bien décidé à avancer ses pions. En annonçant l'indépendance des territoires séparatistes de Donetsk et de Louhansk et en promettant d'y envoyer ses troupes pour "maintenir la paix", le président russe a choisi son moment.

Les atermoiements des derniers mois de certains pays européens, dont l'Allemagne, rappellent que le gaz russe est indispensable pour leurs besoins énergétiques, dans un contexte de crise intense du secteur. Les réserves européennes ont rarement été aussi faibles et les prix peinent à redescendre.

En élargissant le spectre, l'Europe est aussi à la croisée des chemins, espérant en finir avec sa consommation en pétrole au profit du renouvelable… et du gaz. Autant dire que la demande était déjà particulièrement forte... Les menaces de sanctions contre la Russie n'ont fait que renchérir les cours. Ce mardi, le brent de pétrole s'approchait des 100 dollars et le WTI des 95 dollars.

Pétrole mais aussi minerais stratégiques

Pour Poutine, ces menaces sont, pour le moment, une bonne nouvelle car l'exportation d'hydrocarbures est la principale ressource financière de la Russie. Et tant que les importations ne sont pas entravées, la hausse des cours permet ainsi de remplir les caisses de l'Etat, en vendant à la Chine, au Brésil ou à l'Inde.

Ces tensions font aussi grimper les cours des minerais stratégiques comme le palladium - indispensable aux constructeurs automobiles -, le platine ou le cobalt. Autant de métaux que la Russie extrait et exporte massivement. Concernant le palladium, elle produit même la moitié du total mondial.

Là encore, les besoins en minerais s'intensifient pour assurer la transition écologique, très gourmande en métaux divers, notamment pour construire les éoliennes ou les véhicules électriques.

Choix des sanctions

Enfin, la Russie est aussi un des plus gros exportateurs de blé au monde, avec l'Ukraine. Les bruits de bottes font donc grimper les prix des céréales alors que la dynamique était déjà haussière en raison des problèmes d'acheminement qui pèsent sur l'économie mondiale depuis plusieurs mois.

Encore une bonne affaire pour les comptes russes et une pression diplomatique forte du Kremlin sur la Turquie, qui se fournit majoritairement chez son proche voisin.

Des sanctions contre la Russie pourraient bien sûr limiter les exportations du pays et pénaliser Moscou mais les entreprises locales ont souvent des liens très étroits avec des groupes européens ou américains (BP, TotalEnergies, Glencore…), ce qui limite les marges de manoeuvre.

Pour les Occidentaux, le choix des sanctions sera donc déterminant pour éviter de trop pénaliser leurs propres économies et surtout celles des pays les plus pauvres qui subissent de plein fouet cette flambée des matières premières.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business