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G7: pourquoi Emmanuel Macron s'arrête-t-il en Mongolie au retour du sommet?

Présent depuis vendredi à Hiroshima dans le cadre du G7, le président de la République va faire une escale en Mongolie avant de revenir en France. Le chef de l'Etat souhaite renforcer les relations commerciales entre l'Hexagone et ce pays asiatique aux importantes ressources minières.

Emmanuel Macron, présent depuis vendredi au sommet du G7 au Japon, se rend dimanche en Mongolie pour une brève visite, la première d'un président français dans ce pays enclavé entre la Chine et la Russie auquel les occidentaux accordent un intérêt croissant.

Dimanche, après la conférence de presse finale du G7, le chef de l'État s'envolera pour Oulan-Bator, où il dînera avec le président Ukhnaa Khurelsukh, a fait savoir l'Elysée. "Le fait que la Mongolie soit sur le chemin du retour nous permet de faire cette première historique en lui donnant un sens tout particulier", a-t-on expliqué dans l'entourage du président Macron.

"La Mongolie est un pays enclavé entre la Russie et la Chine, mais aussi un pays qui a un modèle de gouvernement qui est libéral, qui tient des élections, qui a connu des alternances, et qui par ailleurs cherche à diversifier ses partenariats pour être plus robuste et pouvoir traiter dans de meilleures conditions avec ses grands voisins russe et chinois", a-t-on souligné.

Aider le pays à décarboner son économie

La présidence française a évoqué un "enjeu très important" sur le "plan géostratégique", qui s'inscrit dans la volonté de Paris de "desserrer la contrainte qui s'exerce sur les voisins de la Russie et leur ouvrir le choix de leurs options". Sur le plan bilatéral, la France estime qu'il existe des "possibilités de coopération très importantes" puisque la Mongolie, "dépendante à 90% du charbon pour son électricité", a un "problème" de "décarbonation de son économie".

Afin de réduire son problème de pollution, le pays offre des opportunités de développement d'énergie renouvelable, que ce soit dans l'éolien ou le solaire, mais dépend des investissements directs étrangers pour financer cette stratégie comme l'indique l'économiste Eve Barré dans Les Echos.

La France mise sur les réserves d'uranium

Le pays asiatique fait déjà l'objet d'un intérêt croissant depuis quelques années de la part des Etats-Unis, dans le cadre de leur stratégie visant à contrecarrer la montée en puissance de Pékin. Actuellement, 86% des exportations totales de la Mongolie, toutes marchandises confondues, ont la Chine pour destination. La moitié de ces achats chinois sont du charbon.

Mais la France est également présente dans le pays depuis quelques années, notamment à travers un projet avec Orano (ex-Areva) qu'elle appuie et qui vise à exploiter les importantes réserves d'uranium dont regorge le sol mongol. L'Elysée précise que ce projet de mine d'uranium s'apprête à dépasser le stade de projet pilote. Les Echos évoque ainsi un test pilote réalisé sur site pour l'extraction d'uranium du gisement de Zuuvch Ovoo entre juillet 2021 et décembre dernier par l'entreprise Badrakh Energy, issue d'un partenariat entre Orana et la société nationale Mon-Atom.

Les exportations françaises vers la Mongolie ont doublé en 10 ans

Par ailleurs, l'uranium n'est pas la seule matière première sur laquelle lorgne l'Hexagone mais l'Elysée estime que d'autres études géologiques sont nécessaires au préalable. Dans un tout autre registre, des projets relatifs à l'industrie agroalimentaire pourraient aussi aboutir prochainement. Logique, puisqu'il s'agit du deuxième poste d'exportation de la France vers la Mongolie.

Car si Oulan-Bator est un "petit" partenaire pour Paris, les échanges vont croissant depuis plusieurs années, selon les données des douanes. Les exportations totales de la France vers le pays asiatique ont quasiment doublé en 10 ans et ont atteint 34 millions d'euros en 2022. Les importations, elles, ont triplé de 3 à 9 millions.

Ce sont principalement des machines que la France vend à la Mongolie, devant les exportations du secteur agroalimentaire donc, et les parfums cosmétiques. En retour, Paris importe presque uniquement des textiles, notamment du cuir.

Timothée Talbi avec AFP