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Etats-Unis: Joe Biden se rendra sur un piquet de grève des ouvriers de l'automobile

Le président américain effectuera mardi un déplacement dans le Michigan pour soutenir les ouvriers du secteur automobile, grillant par la même occasion la politesse à Donald Trump qui se rendra sur un piquet de grève mercredi.

Le mouvement social dans le secteur automobile américain a pris vendredi une nouvelle dimension, avec une augmentation des sites touchés et l'annonce d'une prochaine visite du président Joe Biden sur un piquet de grève, pour tenter de griller la politesse à Donald Trump.

Le président démocrate, qui se qualifie volontiers de premier soutien des syndicats américains, et qui avait d'ailleurs été invité à faire un tel geste, se déplacera dans le Michigan mardi sur un piquet de grève, en signe de "solidarité". "Il est temps d'avoir un accord gagnant-gagnant" entre les constructeurs automobiles et le syndicat UAW, a déclaré Joe Biden dans un message sur X (anciennement Twitter).

Le démocrate de 80 ans a déjà, plusieurs fois, estimé publiquement que les constructeurs devaient faire profiter les salariés de leurs "bénéfices record". Il avait jusqu'ici prévu de consacrer la semaine prochaine à un voyage dans l'Ouest. Mais l'occasion est trop belle de griller la politesse à son grand rival Donald Trump, qui lui aussi se veut le champion des ouvriers et des milieux populaires.

L'ancien président républicain, favori de la primaire de son parti en vue de la présidentielle de 2024, a en effet prévu pour sa part d'aller sur un piquet de grève mercredi. Et aussi dans le Michigan, un Etat clé sur le plan électoral. De quoi politiser, brusquement, un mouvement social qui s'est nettement amplifié vendredi.

Jean-Eric Branaa, maître de conférences Université Paris 2 et spécialiste des Etats-Unis - 16/08
Jean-Eric Branaa, maître de conférences Université Paris 2 et spécialiste des Etats-Unis - 16/08
11:36

"Pas attendre l'éternité"

La grève s'est étendue chez les constructeurs automobiles américains General Motors et Stellantis, faute d'avancée dans les négociations syndicales, contrairement à Ford où de "réels progrès" ont été effectués. Depuis vendredi, les 38 centres de distribution de pièces détachées de ces deux constructeurs sont concernés.

"Nous n'allons pas attendre l'éternité pour obtenir des contrats équitables de la part des 'Big Three'", surnom des trois grands constructeurs américains, a lancé Shawn Fain, président du puissant syndicat UAW, dans une vidéo. Ces sites, situés dans vingt Etats des Etats-Unis, emploient autour de 5600 adhérents de l'UAW sur les 146.000 travaillant pour les trois géants de Detroit, dans le Michigan.

Les trois usines en grève depuis le 15 septembre vont le rester, a précisé Shawn Fain. Ces trois sites -un pour chacun des "Big Three" - emploient quelque 12.700 adhérents de l'UAW. C'est la première grève affectant les trois groupes en même temps. "Nous invitons et encourageons toute personne soutenant notre cause à nous rejoindre sur les piquets de grève, amis et familles et jusqu'au président des Etats-Unis", avait déclaré Shawn Fain.

"Nombreuses actions"

A ce stade, l'impact économique a été limité, mais l'extension du mouvement chez Stellantis et GM risque d'avoir des répercussions plus importantes, car ces centres approvisionnent garages et concessionnaires en pièces détachées pour les véhicules déjà vendus, affectant donc directement le grand public. Et "ils génèrent des bénéfices importants, particulièrement pour Stellantis", a relevé Shawn Fain sur la chaîne CNBC, ajoutant que le syndicat envisageait de "nombreuses actions" possibles pour la suite.

Les grévistes perçoivent chacun 500 dollars par semaine du fonds syndical d'entraide au lieu de leur salaire habituel. General Motors, dont 18 sites supplémentaires sont affectés, a accusé les dirigeants de l'UAW de "manipuler le processus de négociation pour leur propre intérêt". Même accusation du côté de Stellantis qui "se demande s'ils ont jamais eu l'intention de trouver un accord à temps".

Concernant Ford, Shawn Fain a noté une "volonté sérieuse de parvenir à un accord" même si de "sérieux problèmes" persistent. Le syndicat réclame notamment une hausse salariale de 40% sur quatre ans, correspondant à celle dont ont bénéficié les dirigeants des groupes ces quatre dernières années.

P.L. avec AFP