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En Inde, un G7 Finances axé sur l'aide aux pays en développement

A quelques mois du sommet du G20, les ministres des Finances se réunissent pour discuter notamment de l'allègement du poids de la dette des pays en développement, de réformes bancaires et de la taxation des multinationales.

Les grands argentiers du G7 se réunissent dimanche à Gandhinagar, en Inde. Au programme des discussions figurent l'allègement du poids de la dette des pays en développement, les réformes bancaires et la taxation des multinationales ainsi que l'Ukraine. Ce rendez-vous intervient en amont d'une réunion du G20, prévue en septembre à Delhi.

Un point central des discussions, auxquelles la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen va participer, sera le soutien à apporter aux grandes banques de développement comme la Banque mondiale, pour mieux flécher leurs aides sur le défi colossal du réchauffement climatique.

La crise de la dette à l'ordre du jour

"Avec plus de la moitié des pays à faibles revenus en état de surendettement ou à haut risque de le devenir, il est essentiel de prendre des mesures collectives pour les aider (...) à se remettre à flot", indique un communiqué du département américain du Trésor publié avant les discussions prévues à Gandhinagar, dans l'ouest de l'Inde.

Le 12 juillet, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, qui présentait un rapport sur le sujet, alertait face à la crise de la dette. Il évoquait un "échec" du système financier mondial qui permet que 3,3 milliards de personnes vivent dans des pays où les gouvernements dépensent plus en intérêts de leur dette que pour l'éducation ou la santé.

Selon ce rapport, intitulé "Un monde de dettes", le total de la dette publique mondiale a atteint, en 2022, 92 milliers de milliards de dollars, soit une multiplication par plus de 5 depuis 2000. Les pays en développement détiennent près de 30% de cette dette, mais leur dette grossit plus rapidement. Et en raison notamment d'intérêts plus élevés, malgré un plus faible niveau de dette par rapport à leur PIB, ils paient plus d'intérêts.

Une "frustration des pays du Sud"

Les concertations du G7 seront suivies lundi et mardi d'une réunion des ministres des Finances et des banquiers centraux des pays du G20 dans cette même ville nouvelle indienne, créée dans les années 1960 et nommée en hommage au héros national de l'indépendance Gandhi.

Ajay Banga, le nouveau président de la Banque mondiale, s'est inquiété cette semaine de la "profonde méfiance" séparant discrètement les pays du Nord et du Sud, "à un moment où nous devons nous unir" pour surmonter les défis "interdépendants" que sont la lutte contre la pauvreté dans le monde, la crise "existentielle" du climat et la reprise économique post-pandémie mise en péril par l'inflation et la guerre en Ukraine.

"La frustration des pays du Sud est compréhensible. Sous beaucoup d'aspects, ces pays paient le prix de la prospérité d'autres Etats (...). Ils s'inquiètent que des moyens qui leur ont été promis ne soient redirigés pour la reconstruction de l'Ukraine", a-t-il déclaré.

"Trappe à pauvreté"

"Ils ont le sentiment que leurs aspirations sont limitées parce que les règles énergétiques ne sont pas appliquées universellement, et ils s'inquiètent qu'une génération en plein essor soit enfermée dans une trappe à pauvreté", a ajouté Ajay Banga dans une tribune publiée en ligne.

Les pays du G7 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie et Canada) sont décidés à soutenir l'Ukraine aussi longtemps que nécessaire pour repousser l'invasion russe.

Les discussions sur le soutien à Kiev pourraient être potentiellement inconfortables pour le pays hôte du G20 cette année, l'Inde n'ayant pas condamné l'invasion russe de l'Ukraine jusqu'à présent.

Le G20 de Gandhinagar sera aussi l'occasion de discuter en vue d'un accord international sur la taxation des multinationales, après la validation cette semaine d'un premier projet en ce sens par près de 140 pays sous l'égide de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), mais sur lequel il reste encore des pierres d'achoppement.

Nina Le Clerre avec AFP