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Croissance, Brexit, Alstom, Renault : Pierre Moscovici fait le point

Invité de l’Heure H depuis le forum de Davos, le commissaire européen revient sur les thèmes brûlants de l’actualité économique et le répète haut et fort : l’Europe n’est pas le problème, c’est la solution.

En l’absence de nombreux dirigeants européens, la parole de Pierre Moscovici au forum économique de Davos était très attendue. Invité de l’Heure H sur BFM Business, le commissaire européen en fin de mandat est revenu sur les thèmes qui secouent fortement la planète économique actuellement.

Ralentissement économique en Europe

Pierre Moscovici rejette la vision d’une Europe en perte de vitesse. « Il y a une préoccupation mais l’Europe n’est pas le problème de l’économie mondiale. La croissance reste solide, les finances publiques sont plus saines, le dynamisme de l’emploi se poursuit. Le principal risque, ce sont les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, le ralentissement chinois et le détricotage du multilatéralisme voulu par l’administration Trump. L’Europe est la solution, pas le problème ».

Brexit

Pour le commissaire européen, à 65 jours de la date butoir, la balle est clairement dans le camp britannique, l’Europe étant allée pour le moment au bout de ce qu’elle pouvait faire. « Ils doivent nous dire ce qu’ils veulent et ce n’est pas à Bruxelles que ça se décide. Tant qu’il n’y aura pas de clarté de leur côté, on ne pourra pas avancer. Les chances d’un ‘no-deal’ s’est certes accru mais personne ne veut d'un ‘no-deal’ même si on s’y prépare. Il faut se battre pour une solution commune mais c’est aux britanniques de dire où ils veulent aller et de revenir avec des options que nous examinerons mais il n’y aura pas de renégociation ».

Reste que cette perspective plombe la confiance des entreprises et menace la croissance européenne. « S’il y a risque, il est avant tout du côté britannique. Pour l’Europe, le Brexit constitue certes un risque mais ce n’est pas le principal ». Et de citer à nouveau les tensions commerciales mondiales comme principale inquiétude.

Fusion Alstom/Siemens

La perspective d’un rejet de cette alliance dans le ferroviaire est de plus en plus palpable et les accusions contre la Commission qui serait déconnectée des réalités concurrentielles fusent. « Je reste favorable à la constitution de champions européens, favorable à la fusion d’Alstom et de Siemens. Mais il faut respecter les règles de la concurrence. La Commission fait très bien son travail, elle n’est pas idéologique mais pragmatique. Une fusion oui mais en respectant les règles. On est dans le ‘money time’ désormais. Je souhaite que l'on trouve un accord et Margrethe Vestager n'est pas idéologique". ».

Quant à un changement de cap de l’approche concurrentielle avec la prochaine Commission, Pierre Moscovici doute : « personne ne peut dire aujourd’hui ce que fera la prochaine Commission ».

Affaire Carlos Ghosn

Après avoir quelque peu dénoncé les conditions d’incarcération du dirigeant (« il doit être traité avec humanité »), Pierre Moscovici a rappelé que l’alliance Renault/Nissan « est fondamentale ».

Et de poursuivre : « la nouvelle gouvernance [qui devrait être annoncée ce jeudi, NDLR] devra préserver cette alliance ».

Olivier CHICHEPORTICHE