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Crise financière britannique : la BoE donne trois jours aux fonds de pension

L'autorité monétaire a reçu l'appui du soutien du FMI, qui salue sa volonté d'allier stabilité financière et maitrise de l'inflation. Les fonds de pension, sous tension, réclament plus de souplesse.

La tension s'accroit autour des fonds de pension britanniques. En plein tempête financière, la Banque d'Angleterre a fixé des limites à son intervention, qui permet depuis dix jours la stabilisation de la situation, en injectant des liquidités sur les marchés à plusieurs reprises.

Nous pensons qu'un rééquilibrage doit être fait et mon message aux fonds impliqués et à toutes les compagnies gérant ces fonds est celui-ci: il vous reste trois jours", a déclaré Andrew Bailey, le dirigeant de la Banque d'Angleterre lors d'une conversation à l'Institut of International Finance à Washington.

L'institution monétaire a du intervenir en achetant des bons du Trésor à long terme ("gilts") ainsi que, dans un deuxième temps, des obligations indexées sur l'inflation, une première pour la BoE. Ce, pour tirer d'un mauvais pas les fonds de pension, que les positions risquées ont contraint fin septembre à des appels de marge importants pour récupérer des liquidités - et ainsi avoir de quoi compenser la baisse de la valeur des bons du Trésor qu'ils détenaient massivement.

"On est restés éveillés toute la nuit plusieurs jours d'affilée pour essayer de résoudre ce problème", a encore indiqué Bailey, reconnaissant que les autorités monétaires faisaient face au défi de deux démarches contradictoires.

"On fait face à deux choses qui vont dans des directions opposées. On était sur la voie du resserrement monétaire, de vendre des bons et de relever les taux. [...] Et dans le même temps, on a eu à décider d'acheter des obligations pour garantir la stabilité financière", a-t-il ajouté.

Les fonds réclament plus de temps, le FMI confiant

Dans un communiqué mardi, l'association britannique des fonds de pension (PLSA) a pressé la BoE de leur donner plus de temps. "La période d'achats" de bons par la Banque centrale "ne devrait pas se terminer si vite (...) beaucoup pensent qu'elle devrait s'étendre jusqu'au 31 octobre ou même plus tard", au lieu de vendredi, plaide l'association.

Le Fonds monétaire international (FMI), lors d'une conférence de presse mardi pour la publication de ses dernières prévisions économiques, a rappelé quant à lui que la stabilité financière fait partie du "mandat des banques centrales".

"D'une part, elles continuent le resserrement monétaire face aux pressions inflationnistes et en même temps font face à des poches de dysfonctionnement des marchés, dans le cas du Royaume-Uni", a commenté le conseiller économique du FMI Pierre-Olivier Gourinchas.

Interrogé enfin sur la politique budgétaire du Royaume-Uni, à l'origine du problème, M. Bailey a estimé qu'il était "important" que le gouvernement s'appuie sur les prévisions de l'OBR, observatoire public indépendant des finances publiques, car la politique budgétaire devait avoir un "cadre". Une position appuyée par le FMI :

"Les objectifs de la politique budgétaire devraient être alignés sur ceux de la politique monétaire. Si vous avez une banque centrale qui essaie de resserrer" ses taux face à une inflation élevée comme c'est le cas au Royaume-Uni, et qu'en même temps le gouvernement "veut stimuler la demande" avec un paquet budgétaire massif, "c'est comme d'avoir une voiture avec deux personnes qui essaient de tourner le volant dans une direction différente", a fait valoir Pierre-Olivier Gourinchas .

Le plan de soutien de Londres à l'économie présenté le 23 septembre avait déplu aux marchés, qui craignaient une sortie de route des finances publiques britanniques.

VG avec AFP